La paix avec les syndicats s'annonce trop difficile. Quelques minutes étaient suffisantes pour que le chef de gouvernement le comprenne. La délégation de l'UGTM conduite par Hamid Chabat s'est retirée dès le début de la réunion avec Abdelilah Benkirane. Baptême de feu difficile pour le chef de gouvernement avec les syndicats. Entouré de quelques membres de son gouvernement ainsi que de ses hommes de confiance tels que Jamaâ Mouâtassim qui est rompu au travail syndical, Abdelilah Benkirane a tenté de donner des gages aux secrétaires généraux des centrales syndicales avant la reprise du dialogue social. Mais la paix avec les syndicats s'annonce trop difficile. Quelques minutes étaient suffisantes pour que le chef de gouvernement le comprenne. La délégation de l'UGTM (Union générale des travailleurs du Maroc) conduite par Hamid Chabat s'est retirée dès le début de la réunion. Motif ? Absence d'un ordre du jour précis et exclusion des syndicats de l'élaboration du projet de loi de Finances 2012. Mais ce n'est pas tout. Chabat ne semble pas apprécier les propos d'un membre du gouvernement tenus à son encontre. Dans sa déclaration aux médias après son retrait, le secrétaire général de l'UGTM a indiqué que «son syndicat est victime d'une attaque systématique de la part de certains membres du gouvernement qui l'ont accusé entre autres de terrorisme». Ce retrait serait-il le résultat des premières divergences au sein du gouvernement ? La réaction de Chabat aurait-elle plutôt un rapport avec la rivalité au sein de l'Istiqlal en perspective du prochain congrès? En tout cas, cette réaction n'est pas du tout anodine car il s'agit d'un relais syndical de l'Istiqlal, principal allié du PJD au gouvernement (ndlr : Hamid Chabat est également membre du comité exécutif de l'Istiqlal). Cependant, le boycott de l'UGTM n'a pas empêché la réunion de se poursuivre avec les quatre centrales syndicales, à savoir la CDT, la FDT, l'UNTM et l'UMT. Dans son discours devant les syndicalistes, Benkirane a tout d'abord manifesté sa disposition et celle de son équipe à approfondir le dialogue et la coopération avec les différents syndicats. Mais le chef de gouvernement a tout de même laissé entendre qu'il va falloir faire des concessions de part et d'autres. L'air grave, le numéro un de l'Exécutif n'a pas manqué de rappeler la situation particulièrement sensible que traverse le pays à la fois sur le plan social et économique. Il a ensuite glissé des messages pour rassurer le patronat. «Nous ne détestons point les hommes d'affaires et je suis persuadé que vous les syndicats ne les détestez pas non plus», a-t-il indiqué. Mais Benkirane savait qu'il fallait donner un peu plus qu'un discours aux centrales pour les convaincre surtout que les dispositions contenues dans l'accord signé en avril 2011 entre le gouvernement El Fassi et les syndicats n'ont pas été toutes concrétisées. Les syndicats ont ainsi reçu une promesse sur ce sujet de la part du gouvernement qui s'engage à réaliser à la lettre l'accord de l'année dernière. Les deux parties ont également convenu de reprendre le dialogue social le mois prochain. Qu'en pensent alors les syndicats? Miloudi Moukharik, secrétaire général de l'UMT, a déclaré à l'issue de la réunion que son syndicat va bientôt adresser un mémorandum au chef de gouvernement avec toutes les revendications et les questions qui restent toujours en suspens. Pour sa part, Abderrahmane El Azzouzi, secrétaire général de la FDT, a souligné l'importance de la concrétisation de l'accord de l'année dernière mais il a insisté sur l'urgence de trouver des solutions à plusieurs dossiers, notamment celui de la retraite. Le secrétaire général de la CDT, Noubir Amaoui, a quant à lui fait savoir que «les syndicats et le gouvernement ont débattu de la situation actuelle avec ce qu'elle comporte d'opportunités mais également de dangers». A noter enfin que le chef de gouvernement a annoncé qu'une médiation était en cours pour convaincre l'UGTM de revenir au dialogue.