Le religieux Ahmed Raissouni s'invite à la campagne de boycott des produits israéliens écoulés sur le marché marocain. L'ancien président du Mouvement unicité et réforme a déclaré que le commerce avec Israël est «haram». La nouvelle sortie du religieux coïncide avec la publication par le Bureau israélien des statistiques de chiffres sur la hausse des échanges entre Rabat et Tel-Aviv. La campagne contre la normalisation avec Israël se renforce au Maroc. Une nouvelle fatwa émise par le religieux Ahmed Raissouni vient contribuer au débat. Le premier président du Mouvement unicité et réforme, la matrice du PJD, a affirmé, dans une tribune publiée sur son site, que l'achat et la vente de tous les produits en provenance d'Israël relève du «haram» ou du sacrilège. Il explique ainsi que les échanges commerciaux avec ce pays contribuent à prolonger l'occupation de toute la Palestine, rappelant que ces produits résultent de violations massives des droits de réfugiés et déplacés palestiniens. «Toutes marchandises agricoles ou industrielles provenant de l'ennemi sioniste sont produites sur des terres palestiniennes spoliées, dans des fermes spoliées et irriguées par des eaux spoliées. Ce sont des produits spoliés à ses propriétaires exilés et réfugiés. Du coup, il est interdit de les importer, de les vendre ou de les acheter», a-t-il prononcé dans sa fatwa. Des fatwas et des campagnes aux effets très limités Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que le n°2 du de l'Union des oulémas musulmans (sunnites, ndlr) prononce un tel avis religieux. En août dernier, il avait condamné l'achat et la vente de dattes israéliennes par les Marocains, estimant que ces opérations sont «haram». Le cheikh avait justifié son opinion en rappelant que ces dattes étaient cultivées par des colons en Cisjordanie. Cette position est très proche de celle des militants du mouvement BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions). Cette fatwa a été prononcée dans le sillage d'une campagne lancée par des jeunes marocains sur les réseaux sociaux appelant au boycott de tous les échanges commerciaux avec Israël. Mais avec cette nouvelle sortie, Raissouni a élargi la zone de sa fatwa pour ne pas se cantonner qu'aux dattes. Néanmoins ces avis et campagnes, ponctués par quelques sit-in au port de Casablanca ou devant le siège du parlement, ont montré leurs limites. Le commerce entre Rabat et Tel-Aviv est fleurissant. En témoigne les derniers chiffres révélés par le Bureau israélien des statistiques. Durant les onze premiers mois de l'année 2015, les sociétés marocaines ont exporté 10,9 millions de dollars et importé 20,8 millions de dollars de marchandises vers et depuis l'Etat hébreu. C'est beaucoup pour deux pays qui, officiellement, n'entretiennent aucune relation diplomatique.