Pour son retour à la Chambre basse du parlement, Abdelilah Benkirane s'attaque à un dossier épineux. Pour tenter de mener à bien la réforme des caisses de retraites, le chef du gouvernement a tendu la main aux syndicats. Sur la question des salaires des fonctionnaires, pas d'augmentation en vue, car déjà assez hauts. Benchmark régional à l'appui. Cet après-midi, la reprise du passage du chef du gouvernement à la Chambre des représentants, suspendu le 28 avril, s'est déroulée sans écarts de langage ni échange de noms d'oiseaux. Dans l'ensemble, Benkirane et les députés de l'opposition se sont bien comportés, en dépit de quelques étincelles qui n'ont pas enfreint les règles de la bienséance. Pendant deux heures, les deux parties se sont conformées aux prières du président Rachid Talbi Alami, les exhortant à se remémorer les discours du roi Mohammed VI invitant les acteurs politiques à hisser le niveau du débat et les centaines de milliers de spectateurs marocains qui suivaient en direct la séance sur leurs petits écrans. Une fois n'est pas coutume, les ténors des partis de l'opposition ont opté pour le silence. Ni Driss Lachgar, ni Milouda Hazib, ni Noureddine Moudiane, respectivement présidents des groupes des députés de l'USFP, PAM et Istiqlal n'ont pris la parole. De nouveaux visages les ont remplacés pour interpeller Benkirane. Pour mémoire c'est à cause d'un vif échange entre Lachgar et le chef de l'exécutif que la séance du 28 avril a dû être levée. Réformer les retraites avec les syndicats Contrairement à ses précédentes interventions consacrées à la réforme des caisses de retraites, Benkirane a évité de s'avancer sur une date pour la réalisation de ce chantier. Certes il s'est dit résolument engager à mener ce projet mais... avec les représentants des salariés. «Nous avons convenus le 4 décembre 2014 avec les syndicats de continuer les négociations sur ce dossier. Sauf que le décès d'Abdellah Baha à tout chamboulé», a-t-il révélé aux députés. L'ancien ministre d'Etat ayant, pour rappel, trouvé la mort dans un accident le 7 décembre dernier à Bouznika. En dépit de cette ouverture, le PJDiste s'est montré ferme vis-à-vis des demandes de hausses des salaires, expliquant que son gouvernement n'est pas en mesure de les exaucer parce qu'elles mettraient en péril les équilibres macro-économiques de l'Etat. Au passage, il a souligné que son cabinet a consacré 13,2 milliards de dh uniquement pour remplir les engagements pris par son prédécesseur, Abbas El Fassi, dans l'accord du 26 avril 2011. Benkirane a conclu le débat sur cette question en assurant que les fonctionnaires marocains sont mieux payés que leurs homologues algériens ou tunisiens. «Demandez-le aux citoyens de l'oriental. Et même les Tunisiens, ils réclament d'être alignés sur les salaires nos fonctionnaires».