Un seul mot a transformé la séance mensuelle au Parlement en un combat de coqs. La première séance mensuelle de questionnement sur la politique générale de la session du printemps a été donc levée par le président de la première Chambre. Et pour cause, les groupes parlementaires de l'opposition n'ont pas apprécié les reproches qui leur ont été adressés par le chef de gouvernement, ce qui a déclenché un grand brouhaha au Parlement. Abdelilah Benkirane a notamment reproché aux différents groupes parlementaires de l'opposition leur «position paradoxale» vis-à-vis de toutes les décisions gouvernementales. En effet, la première partie de la séance mensuelle à la Chambre des représentants devait être consacrée à la dette du Trésor. L'opposition a critiqué dans le cadre de ses interventions le recours jugé «excessif» par le gouvernement à l'endettement pour faire face au déficit budgétaire. Prenant la parole, Benkirane a critiqué, à son tour, l'approche de l'opposition. «Lorsque le gouvernement prend la décision de décompenser les produits pétroliers ou lorsque nous augmentons les tarifs de l'eau et de l'électricité, justement pour éviter de creuser le déficit et donc le recours à l'endettement, l'opposition nous critique», a-t-il dit, qualifiant les critiques des parlementaires de l'opposition de déraisonnables. En prononçant ce mot, Benkirane ne savait peut-être pas que les députés de l'Union socialiste des forces populaires (USFP), du parti de l'Istiqlal (PI), du Parti authenticité et modernité (PAM) et de l'Union constitutionnelle (UC) allaient se révolter. Un échange houleux s'en est suivi entre le chef de l'Exécutif, d'un côté et Driss Lachgar, premier secrétaire et président du groupe parlementaire de l'USFP de l'autre. Milouda Hazib, présidente du groupe parlementaire du PAM, Moureddine Moudiane, président du groupe parlementaire du PI et Chaoui Belassal, président du groupe parlementaire de l'UC ont également rejoint la contestation. Voyant la tension monter, Benkirane a voulu clarifier ses propos rappelant à l'opposition qu'il avait été accusé par Hamid Chabat, le secrétaire général du PI, sans le nommer toutefois, de liens avec des organisations terroristes et le Mossad, services secrets israéliens. Face à une situation devenue très tendue à la première Chambre, son président Rachid Talbi Alami a été finalement contraint de lever la séance. A l'heure où nous mettions sous presse, la séance n'avait pas encore repris.