Après des succès enregistrés en Angola et au Ghana, deux pays qui reconnaissent pourtant toujours la «RASD», le Maroc est sur le point de renouer les liens avec l'Ethiopie. La proximité de ce pays avec le Polisario ne semble plus constituer un frein pour le développement des échanges économiques avec Addis-Abeba. Le Maroc vient d'enregistrer un succès diplomatique avec l'Ethiopie. Le ministre des Affaires étrangères et son collègue au Finances d'Addis-Abeba ont effectué une visite de deux jours à Rabat. Une première qui augure une nouvelle ère dans les relations entre les deux pays. La reconnaissance de la «RASD» par l'Ethiopie est mise en sourdine. Place désormais à l'économie et aux investissements. C'est le nouveau pari du royaume en Afrique. Instaurer un équilibre entre le Maroc et l'Algérie Mi-mars, le premier ministre, Haile Mariam Dessalegn, avait effectué une visite de trois jours en Algérie. L'homme fort en Ethiopie depuis 2012 avait déclaré à la presse locale que son pays est intéressé par le «savoir-faire» des Algériens dans l'industrie pétrolière. Et pourtant à la fin de son déplacement, aucun accord sur les carburants n'a pu être conclu. A Rabat, les Ethiopiens ont tenu presque le même discours. Tedros Adhanom, le chef de la diplomatie, n'a pas tari d'éloges sur l'expérience agricole marocaine lors de ses entretiens avec le ministre de l'Agriculture et de la Pêche, Aziz Akhannouch. Dans des déclarations à la presse, Adhanom a annoncé la signature d'un accord de coopération agricole lors de la commission ministérielle mixte, prévue en juillet à Addis-Abeba. Visiblement, ce ministre a eu plus de chances que le premier ministre à Alger. Après l'Angola et le Ghana, c'est au tour de l'Ethiopie Cette entente retrouvée est appelée à se consolider avec l'ouverture prochaine d'une ambassade éthiopienne à Rabat. Par le passé, les relations ont traversé des phases difficiles à cause de la reconnaissance du régime du colonel Mengistu Haile Mariam (1976-1991) de la prétendue «RASD». Néanmoins, le Maroc a toujours gardé sa représentation diplomatique à Addis-Abeba. Le siège sort de sa torpeur à l'occasion des sommets de l'Union africaine. Le royaume a l'habitude de dépêcher son ministre des Affaires étrangères ou le n°2 de sa diplomatie pour rencontrer des délégations de l'UA et plaider ses positions concernant le Sahara occidental. Un conflit qui ne dicte plus sa loi sur la politique continentale marocaine.Cette coopération prometteuse avec l'Ethiopie n'est pas sans rappeler les bonnes relations retrouvées avec l'Angola et la Ghana, deux pays qui reconnaissent également la «RASD». Le 13 mars dernier, Rabat accueillait la première session de la commission mixte maroco-ghanéenne sous la présidence de Salaheddine Mezouar, son homologue, Mme Hanna Serwaah Tetteh. Avec Luanda, la proximité a atteint un niveau satisfaisant. Les premières discussions remontent à 2003, lors de la conférence halieutique des pays africains du littoral de l'océan Atlantique, lancée à Rabat. Depuis, les relations ne cessent de s'améliorer. Le pays souhaite même le retour du Maroc dans l'Union africaine.