Bien que l'industrie pharmaceutique marocaine soit la deuxième au niveau africain après l'Afrique du Sud, les prix des médicaments sont jugés «élevés» dans le Royaume. La tendance baissière amorcée en juillet dernier ne suffit pas. Le ministère de la santé compte augmenter la part des médicaments génériques pour davantage baisser les coûts. Mais ce n'est pas encore gagné car les oppositions demeurent. La santé n'a pas de prix. Mais à quel prix rester en bonne santé, surtout lorsqu'on est obligé de beaucoup dépenser dans l'achat de médicaments ? En novembre 2009, un rapport parlementaire sur le prix du médicament au Maroc avait créé une vive polémique. Il avait constaté que les prix des médicaments étaient «anormalement élevés» en raison des «pratiques commerciales d'une grande partie de l'industrie pharmaceutique et [des] procédures définies par l'Administration pour la fixation des prix». La réponse des industriels, regroupés au sein de l'Association marocaine de l'industrie pharmaceutique (AMIP) ne s'était pas fait attendre. Ils rejetaient les conclusions de l'étude parlementaire dans le rapport qu'ils ont commandité et publié en mars dernier. Yasmina Baddou, ministre de la santé, avait de son côté annoncé que les prix des médicaments allaient baisser au courant de l'année. Ce qui est constaté depuis cinq mois maintenant. Mais le renforcement des génériques est vu comme le moyen le plus efficace pour réduire les coûts des médicaments. Favoriser les médicaments génériques ? Un médicament générique est la copie d'un médicament original (princeps) dont le brevet est tombé. La production de génériques est moins coûteuse, et leur prix de vente est beaucoup plus bas que les princeps. Récemment, le département de Baddou faisait savoir qu'il envisageait d'augmenter la part de ces génériques dans le marché pharmaceutique à 75% à l'horizon 2013, au lieu des 27% actuellement. Car malgré les 2,2 milliards de dirhams de chiffre d'affaires en 2009, les génériques restent largement dominés par les médicaments princeps. Les raisons de ce retard étant toutefois nombreuses et faisant l'objet de controverses. Les médecins refusent de privilégier les génériques et restent méfiants quant à la qualité de ces médicaments. Pour les pharmaciens, les médicaments princeps rapportent plus, donc pas question de rogner leurs 30% de marge brute qui, en réalité ne sont que de 8% une fois déduction faite des différentes charges, lit-on dans le rapport de l'AMIP. Basculer vers les génériques réduirait les prix de 30 à 50%. Par conséquent, ils réclament des mesures d'accompagnement pour pouvoir supporter la baisse des recettes. Autre problème à régler : le remboursement au niveau de l'AMO (Assurance Maladie Obligatoire). Ici, le hic concerne donc le remboursement des frais qui se fait plutôt sur la base d'un prix de référence au lieu de celui du générique. Une violation flagrante de la loi à ce niveau car il est prévu que le prix doit être réglé sur le générique du moment qu'il existe. La résolution de ces équations n'est pas impossible mais s'annonce difficile. Dans tous les cas, donner la priorité aux génériques boosterait la production de l'industrie pharmaceutique nationale qui couvre aujourd'hui 70% de la consommation de médicaments au Maroc. D'autre part, la facture d'achat de médicaments en serait moins salée, aussi bien pour les consommateurs que pour le ministère de la santé.