Accablant rapport que celui remis par la Commission des finances et du développement économique à la Chambre des représentants sur le prix des médicaments au Maroc. Rendu public au début du mois de novembre 2009, ce rapport parlementaire de 75 pages au parfum de scandale sera repris à lenvi par les médias de tout le Royaume. Presse écrite, radios et télévision dénonceront ainsi en chur les tarifs anormalement élevés des médicaments, eu égard au faible pouvoir dachat de lécrasante majorité des Marocains et à la dérisoire couverture médicale. Daucuns nhésitent pas à accuser une partie du «lobby dune industrie pharmaceutique pesant plus de 6 milliards de dirhams» ainsi que «les procédures définies par lAdministration pour la fixation des prix des médicaments et de leur remboursement». Quoi quil en soit, les chiffres, effarants, sont là. A titre de comparaison, un médicament de marque se vend de 30 à 189% plus cher au Maroc quen Tunisie et, pour les médicaments sous différentes marques, le gap peut atteindre jusquà 600%. En outre, pour un même médicament, ce sont généralement les marques les plus chères qui sont les plus écoulées. Une situation qui fait que, même pour létroite fange de la population couverte par lAssurance maladie obligatoire (AMO) et le RAMED, se soigner devient de plus en plus cher, voire inaccessible. Les réactions des principaux concernés, en loccurrence lAssociation marocaine de lindustrie pharmaceutique (AMIP) et le ministère de la Santé, se veulent rassurantes. Alors que lAMIP, par la voix de son président Ali Sedrati, juge lenquête parlementaire subjective, «basée uniquement sur un échantillon très restreint de produits médicaux existant sur le marché national», et défend «une industrie pharmaceutique citoyenne» et «ouverte au dialogue», Yasmina Baddou rappelle pour sa part que la réduction du coût des soins de santé fait partie intégrante de la stratégie de son département, et que 2010 connaîtra une baisse du prix de tous les médicaments. Quand les acteurs concernés trouveront-ils enfin une solution satisfaisante pour tous, patients, industriels, pharmaciens et autorités publiques ?