Les pharmaciens ont exprimé, encore une fois, leur rejet catégorique de la réforme des structures des prix des médicaments proposée par le ministère de la Santé. La polémique autour des prix des médicaments reprend de plus belle. Suite à la proposition du ministère de la Santé concernant la réforme des structures des prix des médicaments, les pharmaciens sont, encore une fois, montés au créneau pour rejeter cette démarche. Mieux encore, ils menacent de mener une grève générale de trois jours consécutifs et sans garde, au cas où leur réunion, prévue ce mercredi 9 février avec Yasmina Baddou, ministre de la Santé, ne déboucherait sur la prise en considération de leurs observations et leurs revendications. C'est ce qu'a affirmé la Fédération nationale des syndicats des pharmaciens du Maroc (FNSPM). Dans un communiqué rendu public le vendredi 4 février, les pharmaciens expriment leur rejet catégorique de la réforme qui est inspirée des recommandations du rapport commandé par le ministère au bureau d'études Business Consulting Group (BCG). L'objectif principal de cette réforme est la promotion des médicaments génériques. «Nous refusons intégralement et à l'unanimité les résultats de l'étude de BCG au niveau de la forme et du fond. Nous qualifions la réforme inspirée par cette étude de détournement des problèmes réels que connaît le secteur, notamment l'absence d'une carte sanitaire et d'une politique des médicaments qui répondent aux aspirations des Marocains», précise la Fédération dans son communiqué. «Cette étude a ignoré également les recommandations de la mission d'information parlementaire qui avait affirmé, dans une étude datée de 2009, que les pharmaciens ne sont pas responsables de la cherté des médicaments», ajoute la même source. (voir encadré ci-dessous). A noter qu'à travers cette réforme, le département de Yasmina Baddou veut passer de 29 à 50% le taux de pénétration des médicaments génériques. Pour atteindre cet objectif, les marges bénéficiaires des pharmaciens fixées actuellement à 30%, devront être revues. Ainsi, concernant les médicaments princeps, les marges seront revues à la baisse. Elles pourront atteindre 5% pour les médicaments vendus à plus de 500 DH. Par contre, les marges bénéficiaires des ventes des génériques seront revues à la hausse. Ainsi, le département de Yasmina Baddou propose des marges de 30% pour les médicaments de plus de 150 DH, 45% pour les prix entre 70 et 150 DH et 50% pour les produits à moins de 70 DH. «Certes, les pharmaciens affirment leur adhésion totale à toute politique ayant pour objectif de faciliter l'accès des citoyens aux médicaments, mais à condition que la réduction des prix des médicaments soit mise en œuvre dans le cadre d'une approche globale qui prend en considération la réforme du système de santé dans son ensemble», affirme le communiqué de la FNSPM. Les pharmaciens demandent également au ministère de la Santé d'encourager les médicaments génériques et revendiquent leur doit à la substitution des médicaments. «Les pharmaciens ne sont pas de simples vendeurs de médicaments. Ils sont des experts en matière de dispensation, d'usage rationnel des médicaments et de soins pharmaceutiques. Nous demandons qu'il nous soit accordé le droit de substitution à condition que les médicaments génériques autorisés à la vente jouissent de la bioéquivalence», ajoute la même source. «Nous refusons également les contre-vérités formulées dans l'étude de BCG prétendant que les pharmaciens seraient contre la réduction des prix des médicaments», souligne la Fédération. Rappelons que la FNSPM, l'Association marocaine de l'industrie pharmaceutique (AMIP), l'Association marocaine du médicament générique (AMMG), l'Association marocaine des distributeurs pharmaceutiques (AMDP) et Maroc innovation santé (MIS), se sont réunies le 25 janvier pour examiner le rapport de BCG. Un communiqué conjoint rendu public suite à cette réunion avait appelé Yasmina Baddou à surseoir à la mise en application de toute réforme qui découle dudit rapport et d'ouvrir d'urgence un débat avec tous les responsables du secteur pour trouver une solution objective et pérenne. Une mission parlementaire dénonce la cherté des médicaments Le rapport de la mission d'information parlementaire sur les prix des médicaments avait été publié en novembre 2009. Les parlementaires avaient pointé du doigt, dans leur rapport, le ministère de la Santé et les industriels au sujet de la cherté des médicaments, ainsi que l'archaïsme de l'arsenal juridique et la faiblesse de la couverture médicale. Dans ce sens, la mission d'information a contesté le faible taux de couverture de l'AMO qui ne dépasse pas les 34% et qui explique la faible consommation des médicaments. Selon ledit rapport, la responsabilité principale incombe à une partie de l'industrie pharmaceutique ainsi qu'aux procédures définies par l'Administration pour la fixation des prix des médicaments. La mission parlementaire avait aussi dénoncé l'absence d'une politique du médicament au Maroc, et appelé ainsi à une révision urgente du prix du médicament ainsi que le mode de calcul.