Le Collectif de défense et de promotion des médicaments génériques s'insurge contre les industriels de la pharmacie. Ces derniers veulent amortir la baisse des prix des génériques. Le ministère de la Santé n'en a pas l'intention. «Il n'y a pas lieu d'une pression exercée par l'Association marocaine de l'industrie pharmaceutique sur le ministère de la Santé», déclare le Pr. Abdelaziz Agoumi, responsable de la direction du médicament et de la pharmacie au ministère de la Santé. Une réaction qui devrait remettre les pendules à l'heure et surtout calmer les esprits qui commençaient à s'échauffer, depuis quelques jours. Dans un communiqué, le Collectif de défense et de promotion des médicaments génériques a dénoncé «une pression » de l'AMIP en vue de la suppression des 5% sur le prix que tout générique doit respecter vis-à-vis de celui qui le précède. Ce que le ministère de la Santé dément catégoriquement, en soulignant que les deux parties (département et AMIP) ont toujours agi avec concertation à ce propos. «Ce sujet a été soulevé, effectivement, lors de notre dernière rencontre. Certains concernés de l'AMIP ont proposé que la réduction des prix appliquée en faveur des génériques soit arrêtée à 40%. Mais cette proposition n'a pas été accueillie favorablement», explique le Pr. Agoumi. L'AMIP, qui regroupe l'ensemble des industriels de la pharmacie, veut l'instauration d'une procédure plutôt allégée pour la fixation des prix des médicaments génériques. Ces dernier bénéficient, au Maroc, de deux règles : d'abord la réduction de 40% du prix du médicament générique par rapport au prix du “princeps“, puis, la baisse de 5% pour chaque générique issu de la même molécule. En soulevant l'éventualité de la suppression de la seconde règle, le Collectif a tenu à souligner son rejet de la proposition de l'AMIP précisant que «toute remise en cause de ce principe (…) ne peut être considérée que comme une atteinte aux droits des Marocains d'avoir un accès facile aux médicaments». C'est un souci partagé, insiste le Pr. Agoumi qui rappelle que le ministère agit avant toute chose en tant que protecteur du citoyen et qu'il s'oppose, de ce fait, à toute initiative qui ne répond pas à cet objectif. Au fur et à mesure que les génériques d'un seul médicament se multiplient, on procède alors à l'alignement des prix. Toutefois, la règle d'or reste la même pour les génériques : évaluation du côté thérapeutique et du côté tarifaire, car l'un dépend de l'autre comme le veut la logique. Ce ne sont pas les industriels qui prennent ce type de décision, mais le ministère de la Santé. Comment cela se passe-t-il? Tout commence par le dépôt par l'industriel d'un dossier et d'une proposition des prix pour les génériques. Après étude et évaluation du coût de la conception et de toutes les dépenses afférantes ainsi que des effets thérapeutiques, le tarif est fixé en prenant compte, bien entendu, du pouvoir d'achat. «Il ne faut pas oublier le principe de l'innovation, car le prix sert aussi à stimuler la recherche dans les laboratoires», précise le Pr. Agoumi. Le générique doit être, au maximum, 60% moins cher que le “princeps“. Cela stimule également la compétitivité entre les producteurs dont la protestation contre la baisse des prix des génériques risque encore de susciter du bruit. Il en sera question lors de l'examen d'application du mode de fixation des prix. Politique pharmaceutique La politique des génériques garantit l'indépendance du pays en matière pharmaceutique, les prix des produits sont plus abordables par la concurrence et baissent. (…) Ainsi sur les 350 produits enregistrés en 1999, 67% ont été des génériques et 33% de nouveaux produits sous licence. Dans le cadre d'une politique du médicament socialement efficiente améliorant l'accessibilité du médicament au plus grand nombre de citoyens, l'effort sur les prix doit être maintenu. Cette action s'est traduite pour la seule année 1999 de manière volontaire ou automatique par plus de 471 baisses variant de 7 à 50%. (Source : www.sante.gov.ma http://www.sante.gov.ma )