Ce soir à Rabat, la conférence de l'association marocaine de lutte contre l'avortement clandestin (AMLAC) a été interrompue par le professeur Chraïbi, pour annoncer à l'assistance que le roi Mohammed VI intervient sur le dossier de l'avortement. Une bonne nouvelle accueillie par les applaudissements des participants. Une victoire pour Chraïbi et les associations laïques qui l'ont soutenu dans son combat. Mohammed VI, en sa qualité de commandeur des croyants, se saisit du dossier de l'avortement. Au début de la soirée du lundi 16 mars, le roi a reçu, dans un premier temps les ministres de la Justice et des Libertés, Mustapha Ramid, et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq. Par la suite, le monarque a accordé une audience au président du Conseil des droits de l'Homme, Driss El Yazami, indique un communiqué du cabinet royal. Et d'ajouter que le souverain a donné ses instructions aux trois responsables pour «se pencher sur l'examen de cette question (avortement), devenue une affaire médicale par excellence, et pour mener des rencontres et des consultations élargies avec tous les acteurs concernés afin de recueillir leurs différents avis». Le roi relance l' «Ijtihad» sur la régulation de l'avortement La même source précise que le «roi Amir Al Mouminine a également ordonné aux ministres concernés et au président du CNDH de coordonner et de coopérer avec le Conseil Supérieur des Oulémas pour se concerter au sujet des différents avis et orientations et soumettre des propositions à la Haute Connaissance de Sa Majesté le Roi et ce, dans un délai maximum d'un mois». La balle est, désormais, dans le camp des religieux afin de chercher des solutions adéquates à «la problématique de l'avortement», un phénomène sociétal qui prend de l'ampleur. Les gardiens du temple sont tenus d'harmoniser les préceptes de la religion musulmane avec les préoccupations et les aspirations des citoyens. C'est le pari que doit réussir les oulémas, le CNDH, une instance plus proches des associations laïques, et le gouvernement Benkirane. L'intervention du roi Mohammed VI sur un sujet hautement sensible n'est pas sans rappeler son implication, il y a douze ans, sur le dossier de la réforme de la Moudawana. Une intervention qui avait mis un terme aux graves divergences entre les conservateurs et les modernistes.