Le gouvernement français entend réorganiser le culte musulman avec la mise en place d'une nouvelle instance de dialogue plus représentative. Il souhaite bâtir un cadre fort tout en y associant le CFCM. L'objectif est entre autres de mieux former les imams aux «valeurs de la république». Les attentats de Paris, les discours islamophobes qui ont suivi, le phénomène de la radicalisation ou encore l'épisode éphémère entre le CRIF et le CFCM sont autant d'exemples qui montrent que l'Islam en France vit des heures difficiles. Pour regrouper les musulmans autour d'un même cadre, le gouvernement français souhaite, d'ici l'été, mettre en place d'une nouvelle instance de dialogue. Jusque-là, le CFCM était le représentant officiel des musulmans de France, mais l'instance existe à côté d'autres groupes qui ne s'y reconnaissent pas forcément. Une division à laquelle le gouvernement français veut mettre à terme en posant les conditions d'un dialogue. «Notre volonté, c'est qu'autour du CFCM, des réseaux des CRCM, d'imams de terrain, d'intellectuels, d'universitaires, nous puissions mettre en place une instance de dialogue», explique au Monde le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Ce dernier veut voir les musulmans se réunir autour du premier ministre deux fois par an «pour discuter de questions très concrètes qui sont autant de sujets de préoccupation pour les Français musulmans». Bâtir une instance représentative Si le CFCM est l'instance la plus importante des musulmans en France, elle est aussi décriée par une partie des musulmans, notamment l'Union des Mosquées de France (UMF) que dirige Mohamed Moussaoui. Ces divisions ne favorisent pas un cadre de dialogue entre musulmans français. L'Etat souhaite donc bâtir une «instance forte» autour des différents groupes représentant les musulmans ou les mosquées. L'objectif n'est tout autre que de «dialoguer, avoir des imams et des aumôniers formés, notamment aux principes de la République», poursuit Cazeneuve, qui a souligné sa volonté de créer des diplômes universitaires de formation civique et civile. Ces diplômes pourraient ainsi passer de six à douze. «Nous avons besoin de cette exigence d'excellence. Nous avons besoin d'imams qui maîtrisent notre langue et les principes de la République», ajoute le chef du département de l'Intérieur, qui estime qu'il est essentiel d'avoir ces diplômes pour devenir aumôniers dans les prisons, les hôpitaux et les armées. Lutter contre les actes islamophobes Le plan Cazeneuve comprend aussi la mise en place de fonds pour lutter contre les actes islamophobes en France. L'Etat compte de ce fait débloquer des fonds pour que les mosquées s'équipent de caméras de surveillance pour améliorer la sécurité. Plusieurs associations musulmanes rencontrent des problèmes de financements dans la construction de mosquées ou dans la sécurisation de leur lieu de culte, une situation à laquelle l'Etat veut mettre fin.