Zakaria Moumni et Adil Lamtalsi sont de nouveau dans la ligne de mire de la justice marocaine. Elle vient de lancer contre eux des mandats d'amener alors qu'ils résident en France. L'instruction par la justice marocaine de l'affaire Hammouchi vient de franchir un nouveau cap. Elle demande désormais la comparution de Zakaria Moumni et Adil Lamtalsi. Le procureur du roi près le tribunal de première instance de Rabat a ordonné au chef de la police judiciaire de la capitale de lancer un mandat d'amener contre les auteurs des plaintes, en France, contre le patron de la DST pour «torture» et «complicité de torture». Moumni et Lamtalsi, au même titre que le sahraoui Naâma Asfari, condamné à 30 ans de prison par un tribunal militaire dans le cadre du procès Gdim Izik, et l'Association chrétienne contre la torture et la peine de mort, sont poursuivis pour «dénonciations calomnieuses», «outrage à un corps constitué» et «diffamation publique». Comment faire pour exécuter un tel ordre ? La politisation du dossier rend très improbable l'option de voir les deux Franco-marocains assis dans le box des accusés. Même si Rabat adresse une demande d'extradition des deux prévenus, outre le facteur de la suspension de la coopération judiciaire, il est fort improbable que la justice française réponde favorablement à la requête. La binationalité peut être considérée comme une des principale difficulté. Mais le Conseil constitutionnel avait autorisé, mi-novembre 2014, l'extradition de Marion Alfredo Sandoval, un Argentin naturalisé français en 1996, vers son pays l'Argentine où il est accusé de «torture» durant les années de la dictature. Une décision qui avait ouvert la possibilité de juger les binationaux par des juridictions de leurs pays d'origine. Reste pour la partie marocaine le recours à Interpol. Là aussi, rien n'est garanti d'avance. Moumni avait bénéficié d'une grâce royale en février 2012, et Adil Lamtalsi, condamné à dix ans de prison pour trafic de drogue, a été transféré en France en mai 2013. Les deux hommes ne sont pas de dangereux criminels pour solliciter l'intervention d'Interpol. La première audience du procès de l'affaire Hammouchi, initiée le 9 juin, s'était déroulée en l'absence de Zakaria Moumni, Adil Lamtalsi, Naâma Asfari et l'Association chrétienne contre la torture et la peine de mort.