Les scénarios prévisionnels les plus pessimistes seraient en train de se réaliser. Le Maroc, à l'instar d'autres régions du globe, est confronté à une intensification des phénomènes climatiques extrêmes, déjà prédits par les experts. Novembre 2024 a marqué l'histoire climatique du pays en devenant un mois record en termes de température, selon la Direction générale de la météorologie (DGM). Avec une anomalie moyenne de +1,18 °C par rapport à la période de référence 1991-2020, l'automne 2024 se classe juste derrière l'exceptionnel automne 2023, qui avait enregistré une anomalie de +1,65 °C. Ce nouveau record illustre l'accélération d'une tendance de réchauffement accéléré de la planète et du Maroc. Aridité Bien que les mois de septembre et octobre 2024 aient présenté des températures proches des normales climatiques, avec des anomalies modérées autour de +0,2 °C, novembre s'est avéré le mois le plus chaud jamais mesuré pour cette période avec une anomalie exceptionnelle de +3,09 °C. Un nouveau record qui souligne l'intensification du réchauffement global auquel le Maroc n'échappe guère. Le contexte précipitations n'est pas plus optimiste. L'automne 2024 a été marqué par une pluviométrie très irrégulière, exacerbée par un déficit global de 16 %. Si septembre a connu des pluies supérieures à la normale dans le Sud-Est, une zone habituellement aride, cette surabondance n'a cependant pas compensé le déficit saisonnier. Novembre, notamment, a enregistré un effondrement pluviométrique avec un déficit de -82 % par rapport aux normales. Une sécheresse de cette ampleur accentue la pression sur les ressources en eau et aggrave le stress hydrique en miroitant une 7ème année de sécheresse consécutive. Phénomènes extrêmes Les conséquences de ces conditions climatiques extrêmes résonnent au-delà des chiffres. Elles incarnent les signes persistants d'une crise climatique. Le Maroc, comme beaucoup d'autres pays du monde et plus précisément du Bassin Méditerranéen, est confronté à des phénomènes météorologiques de plus en plus imprévisibles et violents. Records de chaleur, sécheresse prolongée et précipitations irrégulières forment un tableau climatique qui est loin d'être une anomalie passagère comme nous l'a expliqué Dr Kenza Khomsi, climatologue et Chef du service «Climat et changements climatiques » à la Direction Générale de la Météorologie. « Il est probable que la fréquence et l'intensité des phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les vagues de chaleur, les épisodes de sécheresses et les inondations, augmentent en raison du changement climatique. Selon le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) et l'Organisation météorologique mondiale (OMM), le réchauffement planétaire modifie les régimes de précipitations et accroît l'intensité des événements extrêmes, en particulier dans les régions vulnérables comme le Bassin Méditerranéen », analyse la scientifique. Projections inquiétantes Plus alarmant encore, selon les projections climatiques, la fréquence et la gravité des phénomènes météorologiques extrêmes devraient augmenter de manière significative dans les prochaines décennies. « Selon le GIEC et à une échelle globale, des événements tels que les vagues de chaleur et les inondations pourraient devenir jusqu'à trois fois plus fréquents d'ici la fin du siècle si les émissions de gaz à effet de serre continuent d'augmenter au rythme actuel », prévoit la scientifique. Versant dans ce même sens, les prévisions climatiques élaborées par les experts montrent que les générations futures seront confrontées à des conditions météorologiques de plus en plus extrêmes. Pire encore, ces impacts pourraient s'intensifier dans un avenir proche et dès les prochaines décennies si les émissions de gaz à effet de serre continuent au rythme actuel. « Avec cette cadence et selon le rapport du GIEC, des événements tels que les vagues de chaleur, les sécheresses et les inondations deviendront à la fois plus fréquents et plus intenses. À long terme, si la hausse des températures globales dépasse 2 °C, les générations futures feront face à des impacts climatiques encore plus graves », alerte la scientifique.