La chute du cours du pétrole est actuellement l'un des sujets, sinon le sujet phare de la presse financière à travers le monde. Et pour cause, il est à son niveau le plus bas depuis 5 ans. Si cette tendance fait des victimes, notamment les pays producteurs, d'autres pourraient bien en tirer bénéfice. Qu'en-est-il du Maroc ? Hier, mardi 2 décembre, le cours du baril de pétrole s'établissait à 67,27 dollars (environ 603 dirhams), en chute de 2,77% par rapport à la veille et d'environ 40% par rapport à juin dernier. C'est donc une baisse continue du prix de l'or noir qui n'a pas franchi la barre des 70 dollars depuis plusieurs jours, atteignant ainsi son niveau le plus bas en cinq ans. Cette actualité fait couler beaucoup d'encre à travers le monde et dans cette situation critique, les victimes sont facilement identifiables. Il s'agit notamment des pays producteurs, telle que la Russie dont le cas est typique. Comme l'a expliqué Vincent Giret sur France Info, «à chaque fois que le cours du pétrole baisse d'un dollar, la Russie perd plus d'un milliard et demi de revenu». Près d'1 milliard DH d'économies potentielles sur la facture pétrolière en décembre L'autre camp est naturellement celui des gagnants, principalement composé des pays importateurs. Ceux-ci se frottent actuellement les mains. Au Maroc, les analystes ne se sont pas encore prononcés sur la question, mais de toute évidence l'impact ne peut être que positif, puisque largement dépendant de l'offre étrangère, le royaume dépense d'énormes sommes pour son approvisionnement en pétrole. Ce facteur a d'ailleurs poussé le gouvernement à décompenser progressivement les produits pétroliers tout en réduisant les importations. Ainsi de janvier à octobre 2014, selon les statistiques de l'Office des Changes, les importations d'huile brute de pétrole, à hauteur de 4,3 millions de tonnes, ont coûté 25,4 milliards de dirhams. En considérant que les dépenses en importations de pétrole soient les mêmes chaque mois (en réalité, elles oscillent légèrement), la facture mensuelle cette année s'éléverait à environ 2,5 milliards de dirhams. Mais avec l'effondrement actuel du cours du baril à 67 dollars et sachant que la loi de Finance 2014 prévoit un prix d'achat de 105 dollars, le gouvernement pourrait économiser théroiquement près de 36% sur sa facture de décembre, soit environ 900 millions de dirhams. Déjà non négligeables, ces chiffres pourraient être plus élevés dans les prochains mois, puisqu'à en croire les analystes occidentaux, le cours du baril de pétrole va poursuivre sa tendance baissière. «Les prix peuvent encore descendre jusqu'à la zone des 60-65 dollars. C'est un support crucial qui pourrait être atteint d'ici le premier trimestre 2015», a déclaré vendredi dernier dans un entretien avec Le Figaro, Dorian Abadie, analyste chez XTB France. D'après nos confrères de L'Usine nouvelle, certains analystes très optimistes jugent même que les prix stagneraient en dessous des 90 dollars le baril sur l'ensemble de l'année 2015. Minimum de 13 dollars d'économies par baril de pétrole acheté en 2015 Si tel est le cas, le Maroc qui a prévu dans son projet de loi de finances (PLF) 2015, d'importer le baril de pétrole à à un porix moyen de 103 dollars, réaliserait encore des économies substantielles. Ainsi avec un cours moyen annuel de 90 dollars - en se fiant aux analystes sus-cités - le Maroc pourrait économiser au moins 13 dollars par baril de pétrole acheté, soit un gain de 14% sur son budget pétrole. Aujourd'hui, Rabat cherche coûte que coûte à réduire son déficit budgétaire et cela passe inéluctablement par la baisse de ses charges de compensation qui ont atteint un niveau record de 55 milliards de dirhams en 2012 contre une prévision de 45 milliards. Déjà, les réformes engagées par le gouvernement dont l'indexation des prix des carburants ont permis de réduire les charges de compensation de plus de 13 milliards en 2013 par rapport à l'année précédente. Pour les six premiers mois de 2014, les dépenses y afférentes ont chuté de 46,7% à 13,3 milliards de dirhams par rapport à la même période l'an dernier. En plus des caisses de l'Etat, les bénéficiaires de cette chute des cours du pétrole sont les entreprises et le consommateur marocain. Réductions des charges pour les entreprises grandes consommatrices en produits pétroliers et amélioriation du pouvoir d'achat pour les automobilistes pourraient offrir une boufée d'oxygène à toute l'économie marocaine.