L'histoire vaut le détour. Il y a 20 ans de là, en 1994, Mauro Prosperi participait à l'une des premières éditions du Marathon des Sables au Maroc. Au cours de la course, le coureur italien s'était perdu en plein milieu du désert, pendant une dizaine de jours. Devinez comment il a fait pour survivre ? Grâce à son urine et du sang de chauve-souris. Récit. Mauro Prosperi a vécu une aventure insolite au Maroc, il y a 20 ans. En 1994, il était parmi les 80 coureurs à participer au Marathon des Sables, une course à pied par étapes en autosuffisance alimentaire, qui se déroule chaque année au mois d'avril, dans le sud du royaume. A l'époque, le marathon, qui se fait sur quelques 250 kilomètres, était considéré comme l'une des plus difficiles de son genre. L'Italien avait même dû signer un document indiquant aux organisateurs où est-ce qu'il voulait être enterré au cas où il lui arrivait malheur. Ensorcelé par le Maroc «Ce que je aime le plus dans les courses des marathons extrêmes est le fait que vous entrez en contact étroit avec la nature. En tant qu'athlète professionnel, je n'étais pas en mesure de profiter de ce cadre parce que j'étais beaucoup concentré sur le nombre de médailles (Ndlr : que je pouvais gagner)», raconte Mauro Prosperi dans une tribune publiée par BBC. «J'ai su pour le Marathon des Sables par hasard. J'avais déjà pris ma retraite du pentathlon quand un bon ami m'a dit : 'Il ya ce marathon incroyable dans le désert - mais c'est très difficile'. J'aime les défis alors j'ai commencé l'entrainement immédiatement (…) en réduisant la quantité d'eau que je buvais pour s'habituer à la déshydratation. J'étais jamais à la maison», se souvient-il. «Quand je suis arrivé au Maroc, j'ai découvert une chose merveilleuse : le désert. J'ai été ensorcelé». Aujourd'hui, le Marathon des Sables est «une expérience très différente» qui compte environ 1 300 participants. «C'est comme un serpent géant, vous ne pouvez pas vous perdre (…) mais en 194, on était 80», poursuit l'ancien athlète. Tempête de sable «J'ai toujours été le premier Italien à atteindre l'étape suivante et j'avais mis en place un drapeau sur ma tente pour que nous puissions être tous ensemble le soir. C'était amusant». Mais les choses ont commencé à aller mal à partir du 4e jour, au cours de l'étape la plus longue et la plus difficile de la course. «J'étais passé à travers quatre points de contrôle quand je suis entré dans une zone de dunes de sable. J'étais seul», raconte l'Italien. C'est là qu'une tempête de sables très violente surprend Mauro Prosperi. «J'ai été avalé par un mur jaune de sable. J'étais aveuglé, je ne pouvais plus respirer. Le sable fouettait mon visage». Selon lui, la tempête a duré 8 heures, obligeant l'aventurier à dormir sur les dunes. Une fois les premières lueurs du jour arrivées, l'Italien reprend la course, loin de penser qu'il était au milieu de nulle part. «Quand j'ai réalisé que j'étais perdu, la première chose que j'ai faite était d'uriner dans ma bouteille d'eau de secours, parce que quand vous êtes bien hydraté, votre urine est plus claire et plus potable. Je me suis souvenu de mon grand-père me disant comment, pendant la guerre, lui et ses camarades avait dû boire leur urine lorsque l'eau manquait. Je l'ai fait par mesure de précaution, mais je n'étais pas désespéré. J'étais sûr que les organisateurs me trouveraient bientôt», assure-t-il. Et du sang de chauves-souris Après quelques jours, l'homme tombe par hasard sur un sanctuaire musulman non-habité. Il s'y réfugie alors, dans l'espoir que quelqu'un le retrouve. Au bout du 4e jour, il a dû boire sa petite bouteille d'urine pour survivre. Mais ce n'est pas tout. «Je suis monté sur le toit pour planter mon drapeau italien. (…)Pendant que j'étais là-bas, j'ai vu des chauves-souris, entassées dans la tour. J'ai décidé de boire leur sang. J'ai attrapé une poignée de chauves-souris, coupé leurs têtes avec un couteau, puis j'ai sucé leur sang. J'en ai mangé au moins 20 d'entre eux, crues». Au bout de 8 jours, et après une tentative de suicide avortée, le coureur se retrouve dans un village en Algérie, à proximité de Tindouf. Des médecins l'ont alors pris ont charge. Il avait perdu 16 kg pendant cette épreuve et ne pesait plus que 45 kg. Aujourd'hui, le coureur s'en est complètement remis. Il a même participé plusieurs fois après au même Marathon des Sables au Maroc. La prochaine édition, la 30e, est d'ailleurs prévue du 3 au 13 avril prochains.