Une nouvelle forme d'esclavage est apparue à Kelaât Sreghna. Appelée communément dans la région «mariage de contrat», cette pratique consiste à céder sa fille contre de l'argent pendant une durée déterminée. Le phénomène est encore peu médiatisé. Explications. «Les mariages de contrats» seraient en vogue à Kelaât Serghana. C'est du moins ce nous affirme Mme Zakia Chramo, la présidente de l'association Annakhil, basée à Marrakech. Des révélations qui étonnent. «C'est au cours d'une récente caravane que nous avions organisé dans la région que nous avons pris connaissance de cette aberration. Depuis notre ONG travaillent à recueillir les témoignages de filles et de femmes qui ont subi, pendant une période de leurs vie, les conséquences de cette nouvelle forme d'esclavage», nous confie la militante associative. «Mariage de contrat» : mode d'emploi «C'est un acte dûment légalisé. La mention de mariage n'y a aucun droit de cité, puisqu'il s'agit d'une déclaration sur l'honneur de la part du tuteur de la fille ou de la femme reconnaissant avoir contracté un prêt auprès d'un homme et qu'il s'engage à le lui remettre dans un délais déterminé», précise Mme Chramo. C'est par ce subterfuge que la «cession» des femmes se fait au vu et au su des autorités locales. Notre interlocutrice précise que ce «mariage» est calqué sur le modèle du système de locations des maisons et appartements de la vielle médina de Marrakech, appelé «R'hine». Sauf qu'à Kelaât Serghna ce sont des femmes qui se retrouvent otages de ces transactions pendant des années ou, dans les pires des cas, durant toute leurs vie. A notre question de savoir si des étrangers étaient attirés par ce «mariage», notre interlocutrice a répondu par la négative. Les témoignages font défaut A Kelaât Serghna, une chape de plomb très pesante entoure cette forme d'esclavagisme. «Recueillir des témoignages relève du parcours du combattant. Nous avons réussi à convaincre des femmes de parler de leurs expériences», nous confie Mme Chramo. Sauf qu'elles sont encore rares celles qui osent franchir ce pas. «Hier soir, à l'occasion d'une conférence, organisée à Rabat par trois ONG sur la parité, toutes nos tentative d'amener des victimes à témoigner devant le public se sont révélées vaines», déplore-t-elle.