Les récentes déclarations de Human Rights Watch au sujet de prétendues violations des droits de l'Homme dans les provinces du Sud sont jugées très partiales par Mohamed Talib, membre du Corcas. ALM : Quelle analyse faites-vous des déclarations de Human Rights Watch au sujet des droits de l'Homme dans les provinces du Sud ? Mohamed Talib : Le timing choisi par cette ONG américaine pour diffuser son communiqué laisse d'abord planer plus d'un point d'interrogation sur ses réelles intentions. Je me demande avec un grand étonnement pourquoi cette ONG a fait des déclarations biaisées et scandaleuses au sujet des droits de l'Homme dans les provinces du Sud au moment où les négociations sur le Sahara entamaient à Manhasset (New York) leur troisième manche en vue de trouver une solution pacifique au conflit. Je suis d'autant plus étonné que cette ONG qui prétend défendre les droits de l'Homme s'inscrit en porte-à-faux avec ses objectifs déclarés. Maintenant pour les objectifs non déclarés, il va de soi que cette ONG cherche à influer sur le cours des négociations. Il aurait été judicieux pour elle de s'abstenir de faire des déclarations en ce moment très sensible dans l'évolution du dossier du Sahara. Mais plus étonnant encore, c'est que l'émissaire de cette ONG, Sarah Léa Witson pour ne pas la nommer, qui a effectué fin 2007 une visite à Laâyoune, a fait des déclarations surréalistes sur la situation des droits de l'Homme dans les provinces du Sud. Et pourtant, cette dame, arrivée dans la capitale des provinces sahariennes à la tête d'une importante délégation, a pu constater de visu l'ampleur de la liberté dont jouissent les habitants de ces provinces. Il y a lieu de noter que cette ONG a pu accomplir sa mission au Sahara en toute liberté. Elle a pu rencontrer les activistes oeuvrant pour le compte du Polisario sans intervention aucune de la part des autorités, chose qu'elle n'a pu obtenir lors de son déplacement dans les camps de Lahmada-Tindouf. Nous savons, tout le monde ici sait, que les déclarations de cette délégation cachent, de manière à peine voilée, des intentions qui ne peuvent que porter atteinte à la crédibilité de l'ONG qu'elle représente. Dans le communiqué de cette ONG, diffusé mardi dernier, la situation des droits de l'Homme à Tindouf n'a pas été évoquée. Pourquoi cette ONG s'est-elle acharnée uniquement sur le Maroc ? A priori, nous savions que la tâche de cette ONG dans les camps de Tindouf ne serait pas de tout repos et ce, pour plusieurs raisons. D'abord, l'immensité de ces camps pose un sérieux problème pour le déplacement des enquêteurs. Il est très difficile de circuler d'un camp à l'autre dans cette région du territoire algérien. Et puis, les camps en question sont soumis à un double siège. D'un côté, il y a les milices du Polisario et, de l'autre, les éléments de la gendarmerie et des renseignements militaires algériens. Partant de ce constat, je ne sais pas de quelle liberté cette ONG parle. C'est vraiment faire preuve de cécité que de conclure à ce constat. D'autant plus que les camps de Tindouf sont en proie aux pires violations des droits les plus élémentaires. La présidente de la délégation de l'ONG aurait pu simplement écouter les témoignages poignants faits dernièrement au sujet de la pratique de l'esclavage dans les camps de Tindouf. Elle aurait pu simplement se référer aux derniers développements judiciaires survenus en Espagne, où une plainte pour esclavagisme a été déposée contre le Polisario par une famille espagnole adoptive de l'enfant Soltana qui a été exploitée en tant qu'esclave pendant des années à Tindouf. La responsable américaine aurait pu se référer aussi aux articles internationaux consacrés à l'esclavage à Tindouf, dont le dernier en date a paru pas plus tard qu'hier sur cette pratique primaire et sauvage reconnue juridiquement par les autorités en place à Tindouf. Pis que pire, on a appris avec écoeurement et consternation que, lors du 12ème congrès du Polisario, une commission secrète avait été mise en place pour statuer sur les moyens à même de garantir un surplus démographique dans les camps en question. Les décisions prises à l'issue des travaux de cette commission inspirent un sentiment de révolte : mariage forcé des filles mineures (13 ans), interdiction des moyens de contraception et motivations sonnantes et trébuchantes en faveur des femmes enceintes perçues comme des machines à reproduction et non comme des êtres humains. Sur ces pratiques, dignes d'un autre âge, on voudrait tout de même avoir l'avis de cette ONG. Tout comme sur le sort des enfants déportés manu militari vers Cuba, sans compter les détentions arbitraires, les enlèvements, voire les exécutions sommaires, qui font partie du quotidien de séquestrés sahraouis dont le seul « tort » est d'exprimer des opinions différentes ou opposées aux diktats de Mohamed Abdelaziz.