Des centaines de personnes ont formé une chaine humaine devant le Parlement et le palais de justice à Rabat, samedi dernier, pour protester contre les violences faites aux femmes. Des témoignages poignants ont accentué les revendications, mais les femmes Pjdistes étaient les grandes absentes. Au milieu, en rose, Nouzha Skalli; ministre du Développement social, de la Famille et de la Solidarité, de 2007 à 2012. Près de six millions de femmes sont victimes de violences, dont plus de la moitié dans le cadre conjugal, selon des chiffres récemment fournis par le gouvernement. Seulement en 2012, 42 587 cas de violences et plus de 5245 femmes se sont rendues dans des centres d'écoute, selon l'Observatoire marocain des violences faites aux femmes, «Oyoune Nissaiya», rapporte Le Soir. Telle est la réalité qui a poussé une coalition de 22 ONG baptisée «Printemps pour la dignité» à organiser, samedi dernier, une chaîne humaine qui s'étendait du Parlement de justice à Rabat. Principal objectif: «dénoncer la violence physique, verbale et morale ainsi que le harcèlement contre les femmes», ont indiqué à la presse des militantes de ce collectif. Agées, handicapées, et violées, parfois par des jeunes Plusieurs centaines de femmes ont répondu à l'appel. Il y avait «une présence très forte des femmes survivantes aux violences», affirme à Yabiladi Fouzia Assouli, présidente de la Fédération de la ligue démocratique des droits de la femme [FLDDF] également militante du du «Printemps pour la dignité», notant également le soutien de beaucoup d'artistes et de quelques membres de la classe politique. Le collectif «Printemps de la dignité» réclame une refonte du code pénal et estime que «la loi marocaine doit être adaptée aux conventions internationales que le Maroc a ratifiées, et particulièrement celles qui concernent les droits de la femme». Mme Assouli signale l'urgence d'une loi cadre qui prend des mesures de prévention, de protection des femmes victimes et des sanctions à l'endroit des coupables, afin de mettre fin à l'impunité. La responsable associative note la prolifération ces derniers temps, d'actes de violences à l'encontre des femmes : augmentation des mariages forcés, augmentation des viols de jeunes filles… «Même des femmes âgées ont été violées», relève-t-elle et relate le cas d'une vieille dame de 72 ans qui a fait son témoignage pendant la manifestation. «Elle a été violée par deux jeunes hommes. C'est grave, c'est terrible !», juge-t-elle choquée. Mme Assouli raconte également que certaines femmes, au début de la manifestation, portaient des masques pour dissimuler leur identité. Mais vers la fin, elles ont toutes enlevé leurs masques. «Les femmes criaient d'une manière incroyable. C'était beaucoup de douleur», dit-elle.Tous ces témoignages «nous ont bousculés», affirme à Yabiladi la présidente de l'AMDH, Khadija Riyadi, relevant des cas de femmes handicapées actuellement enceintes suite à un viol. Le PJD absent «Nous avons été reçues par des femmes de six groupes parlementaires qui nous ont dit qu'elles présenteront prochainement un projet de loi contre les violences faites aux femmes», confie Mme Assouli. Mais, au niveau du gouvernement, «silence total, signale-t-elle. On aurait cependant aimé que les femmes du PJD soient présentes, mais ce n'était pas le cas. C'est à se demander si elles ne sont pas concernées par le sujet». Par contre, l'absence du gouvernement, notamment celle de la ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social, Bassima Hakkaoui, «ne surprend pas» Khadija Riyadi. Celle-ci rappelle au passage, que le PJD protestait généralement contre les revendications pour les droits des femmes. D'ailleurs, à la suite de l'affaire Amina Filali, les revendications pour l'abrogation de l'article 475. Mme Hakkaoui avait déclaré à l'occasion que les ONG féministes «portent atteinte à l'image du Maroc à l'étranger par leur mauvais usage des cas de viols des enfants et le mariage de mineurs». Pour Mme Riyadi, seules les ONG et la communauté internationale peuvent mettre aujourd'hui la pression sur le gouvernement.