Jeudi, l'Observatoire marocain des violences faites aux femmes, « Oyoune Nissaiya », a présenté son 4e rapport annuel titré « les violences basées sur les genres et les mécanismes de protection ». Zoom sur les chiffres et les recommandations de l'Observatoire. Les membres de l'Observatoire ont revendiqué une égalité des sexes dans le code pénale qualifié de « phallocratique Jeudi, lors d'une conférence de presse à Casablanca, l'Observatoire marocain des violences faites aux femmes, « Oyoune Nissaiya », en collaboration avec d'autres associations marocaines, a présenté son 4e rapport annuel. Ce dernier a révélé des chiffres choquants sur la situation de la femme au Maroc. « Plus de 5245 femmes se sont rendues dans des centres d'écoute en 2012 et 47 587 actes de violences y ont été recensés » Les femmes âgées entre 15 et 38 ans sont les plus touchées avec 2022 cas soit 74%. Une violence surtout juridique... Sur le plan géographique, la majorité des femmes violentées sont issues du milieu urbain (4169 cas) soit 80% des cas recensés. Sur le plan familial, « 56% des victimes sont mariées (9332 cas) et 20% sont célibataires», relate le rapport. Les femmes divorcées et violentées pour leur part représentent environ 8%. Sur le plan éducatif, 32% des femmes violentées sont analphabètes et 25% d'entre elles ont un niveau d'études ne dépassant pas le primaire. 6% seulement des femmes violentées ont un niveau d'études universitaire, nous informe l'enquête. Celle-ci se penche notamment sur les femmes ayant des enfants: 54% des femmes violentées ont un à deux enfants. Autres chiffres intéressants : « 42% des femmes violentées habitent dans des maisons, 32% dans des appartements alors que 10% d'entre elles habitent dans des bidonvilles. Les femmes aisées habitant dans des villas ne représentent qu' 1% des victimes », constate le rapport. Sur le plan professionnel, la majorité des femmes violentées sont des femmes au foyer (4222 cas) et représentent 46% des cas et 12% d'entre elles sont au chômage; ce qui nous donne un total de 58% de femmes n'ayant aucun revenu et aucune indépendance financière. « Les employées, les salariées et les ouvrières représentent par contre 18% des cas de violences recensés », affirme le rapport. Les violences les plus fréquentes sont psychologiques et morales, qui atteignent un taux de 47%, soit 21 870 cas. La deuxième est plutôt d'ordre économique représentant 14% des cas. Les autres formes de violences sont d'ordre légal (5%) ou sexuel (3%) ... Les conséquences de ces violences contre les femmes peuvent être tragiques. Le rapport rappelle qu'en 2011, « 6 femmes, qui se sont rendues plusieurs fois aux centres d'écoutes et aux tribunaux pour demander de l'aide, sont mortes, désespérément. 4 autres ont été victimes de tentatives de meurtre ou d'agressions à l'arme blanche, alors que 37 cas de violences sexuelles ont causé aux femmes concernées des maladies graves... ». Les intervenantes de la conférence ont souligné les failles du code pénal et l'ont fortement critiqué. « Parmi les failles juridiques nous pouvons citer la non criminalisation de la violence morale qui représente 46% des cas et peut aller de l'insulte, aux menaces les plus atroces. La loi ne criminalise pas non plus le viol conjugal qui représente 434 cas parmi 1536 des cas de violence sexuelle. Aussi, la législation reste coite concernant l'expulsion forcée du foyer par le mari. ». La polygamie semble aussi détruire plusieurs familles. D'après l'Observatoire, en 2012, 33 femmes ont vu leurs maris prendre d'autres épouses sans être consultées ou prévenues. Recommandations L'Observatoir marocain des violences faites aux femmes a proposé plusieurs recommandations dans le domaine politique et juridique. Sur le plan politique, le rapport souligne la nécessité de considérer la violence contre les femmes comme une affaire publique, devant faire l'objet d'un débat sur les textes de loi à mettre en vigueur, afin de les protéger. Le rapport met également l'accent sur la nécessité du gouvernement de mettre en place une loi et un budget spécifiques contre les violences basées sur le genre. Sur le plan juridique, les membres de l'Observatoire ont revendiqué une égalité des sexes dans le code pénale qualifié de « phallocratique ». Il a également appelé le gouvernement à annuler la loi, qui permet de marier le violeur à sa victime et à cesser de considérer les femmes célibataires comme des prostituées lorsqu'elles décident de poursuivre leurs maris ou ex-maris en justice. Enfin, le rapport appelle le gouvernement et la société civile à œuvrer ensemble pour diversifier le nombre des centres d'écoutes des femmes violentées, de créer des centres de soutien et de rendre accessibles les soins, dans les cas d'espèce. * Tweet * *