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Journée internationale de la lutte contre la violence à l'encontre des femmes Un long chemin reste à parcourir...
Les jeunes femmes représentent 76% des cas recensés
La date commémorative de la journée internationale de lutte contre la violence à l'égard des femmes pourrait passer inaperçue cette année, vu l'événement des législatives 2011. Cependant, il faut dire que la société civile, particulièrement les organisations qui œuvrent pour la promotion des femmes et la lutte contre toute forme de discrimination à l'égard des femmes, ne pourront oublier cette date, tournant évaluatif concluant, fruit de requêtes, enquêtes et études de cas se référant à ce fléau. Certaines ONGs ont même devancé cette date et présenté leurs rapports annuels. D'autant plus qu'il est estimé qu'une loi cadre de prévention et de lutte contre la violence, fondée sur le genre, est à mettre en place pour minimiser les effets de ce type de violence. D'ailleurs, il y a quelques mois, une présentation de l'anthropologue- sociologue Mme Naïma Chikhaoui, sur les perspectives de cette loi cadre, a été faite à Casablanca devant plusieurs associations, visant l'abolition des violations des droits fondamentaux des femmes. Les coûts économique et social étant énormes et les conséquences fâcheuses : des vies brisées, des foyers anéantis, des familles disloquées et des enfants exposés au besoin et à toute sorte de fléaux, et contraints à la déperdition scolaire... Jusqu'ici, ni la ratification de la CEDAW (Convention de lutte contre toute forme à l'égard des femmes), ni la plateforme de Beijing et ses différentes étapes évaluatives, ni la réforme du Code de la Famille et du Code Pénal, ni les différentes stratégies nationales (Stratégie Nationale de lutte contre la violence à l'égard des femmes, stratégie nationale de l'égalité et de l'équité par l'intégration de l'approche genre dans les Politiques et les Programmes de Développement, Programme Multisectoriel de lutte Contre les Violences Fondées sur le Genre par l'autonomisation des Femmes et des Filles au Maroc/Tamkine), n'ont pu venir à bout des pratiques esclavagistes. La violence est en hausse d'année en année. Le projet de loi contre la VEF, voire le projet de loi contre la violence conjugale, plus grande incidence ( 55%), tarde à voir le jour. Même après expertise de juristes espagnoles "Association femmes juristes THEMIS", pays qui a adopté la loi la plus intégrale en matière de VFG, voire la plus avancée d'Europe (2004). Comme indiqué dans la présentation de Mme Chikhaoui, qu'elle soit sexuelle, morale, psychologique ou économique, subie au sein de la famille (inceste, viol, violence économique) ou en dehors de l'institution maritale, dans une relation avec un partenaire dans la situation de divorce, dans le cas de la mère dite célibataire, vécue dans des cas relationnelles de fiançailles ou de relation intime préconjugale, en cas de harcèlement sexuel observable dans l'espace scolaire et universitaire... la violence a besoin d'une loi cadre. Il est impératif qu'il y ait une loi spécifique à la violence fondée sur le genre, protégeant les victimes, les témoins, les assistantes sociales, les médecins traitant ces cas, et qui définit, comme stipulé par Mme Chikhaoui, les responsabilités de l'Etat et des différents partenaires, précise les droits et définit leurs contenus, introduit des concepts précis et les établit, stipule les instances et les mécanismes organisationnels nécessaires… Et qui garantit "L'exercice et la protection de tous les droits de la personne humaine et des libertés fondamentales, à égalité avec les hommes, dans les domaines politique, économique, social, culturel, civil et cultuel. L'Observatoire marocain des violences faites aux Femmes - Oyoune Nissaïya -, a rendu public hier son rapport annuel lors d'une journée de concertation sur différentes thématiques : «Les violences basées sur le genre et les mécanismes de protection», «Projet de réforme du code pénal marocain : Quelle protection contre les violences et quelle place pour les droits humains des femmes », « Libertés individuelles et droits humains des femmes dans le code pénal marocain », « Protection juridique contre les violences de genre dans le code pénal marocain ». Sur les 37.632 femmes qui ont accédé aux associations, partenaires de l'observatoire, 4.695 ont subi des actes de violence. L'observatoire a recelé une augmentation du nombre de femmes qui ont été reçues par les associations, une hausse de 44% par rapport à l'année dernière. Le nombre d'actes de violence a également augmenté de16%. Les actes de violence sont au nombre de 8 pour chaque cas, à répercussions aussi bien physiques que psychologiques, détériorant la situation sociale et économique des femmes victimes de violence. Les jeunes femmes violentées dont l'âge varie entre 18 et 40 ans représentent 76% des cas recensés. 57 femmes de plus de 60 ans ont également subi ces actes. Pour ce qui est de la situation géographique, 80% sont du milieu urbain, 11% du milieu rural et 9% du milieu périurbain. 56% sont mariées, 33% mères célibataires, 4% ne sont pas mariées. 36% sont analphabètes, 23% sont du niveau primaire. 13% des femmes divorcées qui ont eu accès à ces ONGs sont arrivées au niveau du lycée, alors que les universitaires représentent 6%. 69% sont des mères, 50 % ont entre un et deux enfants, 2% qui ont plus de 6 enfants. Les femmes au foyer représentent 42 %, 16% sont au chômage, soit 58% sans revenu fixe et les salariées représentent 16%. Quant aux formes de violence les plus spectaculaires, la violence psychologique (47%), la violence physique (10419 actes de violence), la violence économique (13%), la violence législative (8%) et la violence sexuelle(4%). Certes, l'égalité ou parité, fondement de toute politique publique, a été constitutionnalisée, mais la concrétiser sur le terrain est une chose ardue et les citoyennes marocaines ont du pain sur la planche. L'étape de l'après réforme constitutionnelle et des législatives 2011 en cours, s'annonce décisive pour l'équité et la justice sociale.