Salaheddine Mezouar a-t-il joué le rôle de commercial pour McKinsey au Maroc en échange de l'embauche de sa fille ? C'est en tout cas ce qu'affirme «Chris Coleman» qui vient de révéler des documents confidentiels. En réalité, le projet Omega n'est pas destiné au gouvernement, mais plutôt au Palais royal. Explications. Le document confidentiel présentant le projet Oméga concocté par le cabinet McKinsey a été dévoilé par le compte Twitter d'un certain Chris Coleman qui n'a cessé de rendre public des dizaines d'emails et documents sensibles de plusieurs responsables marocains. S'il est parfois difficile de faire le tri entre le vrai et le faux, des documents offrant une information intéressante de ceux sans grand intérêt ne concernant que la vie privée des individus, celui de McKinsey est riche en enseignements. La présentation du projet Oméga vise à doter le Maroc d'une nouvelle stratégie de croissance économique. Chris Coleman, l'homme par qui est venu le scandale, affirme que c'est grâce à Salaheddine Mezouar que le projet Oméga a pu être attribué à McKinsey. En échange, il aurait ainsi bénéficié d'un stage, puis d'un emploi pour sa fille au sein du bureau en France. En revanche, l'influence du cabinet de conseil n'a pas semblé suffisante pour obtenir une carte de travail pour la fille du ministre, nécessitant selon Coleman, une prétendue intervention du ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius. Cette version semble très légère et participe plus à une campagne de destruction de Salaheddine Mezouar pourtant accusé un temps d'avoir la nationalité française. Sic ! Une stratégie qui dépasse les ministres Autre incohérence, Chris Coleman oublie que Salaheddine Mezouar est aujourd'hui ministre des Affaires étrangères et qu'à ce titre, il ne s'occupe plus des grands dossiers économiques, même si il a été à une époque récente le chef du Plan Emergence. Par ailleurs, le projet Oméga ne s'intéresse pas du tout à la politique extérieure du royaume et porte sur des secteurs dépassant même le seul cadre économique. Ainsi, le développement humain, la politique sociale, les infrastructures, la réforme de l'Etat, constituent des piliers pour une émergence économique du pays. Mieux encore, le rapport des experts de McKinsey vient écorner les ministres ayant eu la charge de porter les différents plans sectoriels : Emergence, Azur, Maroc Vert, INDH… Le maillon faible de ces plans résident en grande partie sur les problèmes de pilotage. En réalité, le projet Oméga est destiné directement au Palais royal. Le cabinet royal semble vouloir doter le Maroc d'une nouvelle impulsion économique pour qu'il se classe enfin comme pays émergent. Ce rapport arrive ainsi en septembre 2014, juste après les différents discours du roi (fête du Trône, fête de la Révolution du roi et du peuple) qui reconnaissaient des lacunes dans le modèle de développement du pays, tout en insistant sur l'urgence d'une nouvelle dynamique à même de relancer la machine. Le constat de McKinsey dans son rapport ne fait que rappeler avec plus de détails, un bilan en demi-teinte surtout depuis 2010 et le ralentissement dû à la crise financière internationale. La mise à l'écart des ministres ainsi que la charge contre le mauvais pilotage des plans sectoriels dénotent d'une volonté de reprise en main de la stratégie économique par le Palais royal. Comme les ministres technocrates ne suffisent plus, on pourrait assister au renforcement du rôle des institutions parallèles : agences, conseils...