Daesh a désormais deux antennes : une en Algérie et, depuis la semaine dernière, une autre en Tunisie. Un contexte annonciateur de mauvaises surprises particulièrement pour la France. Justement, son ministère des Affaires étrangères vient d'alerter ses citoyens concernant les risques d'enlèvements au Maghreb et au Sahel. L'antenne algérienne de Daesh a exécuté, mercredi, l'otage Hervé Gourdel. Quelques heures auparavant, le département de Laurent Fabius publiait une carte résumant les niveaux de menaces d'enlèvements de ressortissants français au Maghreb et au Sahel. Le Quai d'Orsay a réparti les Etats de ces deux régions dans quatre zones. La pire d'entre elles où il est fortement déconseillé de s'y rendre comprend : le Sud de l'Algérie, le Niger, l'Est de la Mauritanie, le Mali et le Nigéria. Des pays réputés pour leurs instabilités politiques, aggravé par la présence de groupes armés tels «AQMI», «Les Soldats du calife», «MUJAO», «Boko Haram», les «Signataires du sang» et bien d'autres enseignes terroristes qui agissent en toute impunité et parfois même avec la complicité de responsables locaux. La menace d'enlèvement de ressortissants français et européens est devenue extrêmement sérieuse. La scission qu'a connue, ces dernières semaines, AQMI est un facteur qui devrait contribuer à la multiplication de prise d'otages. Surtout que le groupe «Les Soldats du calife en Algérie» est en quête d'une large médiatisation de ses actions, comme la décapitation d'Hervé Gourdel l'a démontrée. Par ailleurs, le ministère des Affaires étrangères a classé le nord de l'Algérie et l'ouest de la Mauritanie dans la catégorie à éviter sauf raison impérative. Le nord du Maroc, l'exception ? La Tunisie, le Burkina Faso, le Ghana, tout le sud du Maroc (le Sahara occidental etant séparé du reste du Maroc sur la carte), et une partie de la zone frontalère algéro-marocaine figurent dans la zone jaune où il est conseillé aux Français de renforcer la vigilance. Il est fort probable que le Quai d'Orsay revoit le classement du pays de la révolution du jasmin. En effet, la semaine dernière, la «Katiba Okba Iben Nafiaâ» a rompu le cordon ombilical qui la liait à AQMI pour prêter allégeance à Daesh. Un acte qui devrait se traduire, comme nous l'avions annoncé dans un précédent papier sur les Soldats du calife en Algérie, par une série d'enlèvements de ressortissants étrangers, particulièrement les Français, et d'attaques de points stratégiques. Le Maroc, en dépit de l'alerte générale et les déclarations du 10 juillet de son ministre de l'Intérieur au sujet de menaces terroristes sérieuses qui guetteraient le pays, reste dans la zone à vigilance normale. Jusqu'à présent, aucun ressortissant étranger n'a été victime d'enlèvement sur l'ensemble du territoire y compris le Sahara occidental. Néanmoins, quelques jours avant la publication de ladite carte, le Quai d'Orsay a recommandé aux voyageurs se rendant au Maroc «d'observer avec la plus grande vigilance les consignes en matière de sécurité», arguant que le risque terroriste demeure «renforcé par le retour au Maroc de certains djihadistes marocains».