Le danger «Daesh» s'approche du Maroc. "Les soldats du calife en terre d'Algérie", une scission d'AQMI, a prêté allégeance à Aboubakr Al Baghdadi. Un ressortissant algérien, Abdelmalek El Gouri, alias Khaled Abou Souleiman, ancien lieutenant de Droukdal, le chef d'Al Qaida au Maghreb, est à la tête de la toute nouvelle enseigne terroriste. La naissance de l'antenne de "Daesh" en Algérie constitue une surprise. En effet, tous les pronostics la donnaient en Tunisie où les «Partisans de la Chariaâ», profitant de l'expérience acquise sur le front syrien, de la faiblesse de l'armée tunisienne et du chaos qui prévaut en Libye voisine, ont réussi à asseoir leur base dans le sud du pays. Objectif : créer un état islamique au Maghreb et au Sahel Le nouveau "Daesh", installé sur la frontière est du royaume, a pour objectif de créer un vaste Etat islamique qui s'étendrait sur tout le Maghreb et la région du Sahel. Cette proclamation ne fait que corroborer les informations annonçant l'imminence de la fin d'AQMI. Durant les deux dernières années, la branche d'Al Qaida au Maghreb a dû faire face à deux importantes scissions. La première remonte à 2012, œuvre de Mokhtar Belmokhtar, un autre Algérien, qui proclame son «indépendance» de la tutelle de Abdelmalek Droukdal et annonce la création des «Signataires par le sang». L'attaque, en janvier 2013, de la station pétrolière In Amenas constitue son premier coup d'éclat. Un autre ancien cadre d'AQMI, Abdeslam Tarmoune, également un ressortissant algérien, a décidé de monter sa propre enseigne terroriste : «le Mouvement des fils du Sahara pour la justice». En juin 2014, à l'issue de négociations avec le premier ministre, Sellal, il accepte une trêve dans son combat contre l'armée algérienne. Fin de mission pour Al Qaida, Daesh prend le relais Ces défections au sein d'AQMI devraient se poursuivre. C'est en effet, la cote de Daesh qui est en hausse. La situation que connait le Maghreb et le Sahel n'est que la suite logique de ce qui s'est passé en Orient, lorsque Aboubakr Al Baghdadi avait rompu, fin 2013, le cordon ombilical avec la maison mère Al Qaida et ordonné à ses troupes de combattre le Front Annosra en Syrie. Le Maghreb ne peut en aucun cas rester à l'abri de ces changements. Ce qui explique la naissance du bras de "Daesh" en Algérie. Il est probable que la nouvelle antenne marque son acte d'allégeance à l' «Etat islamique» par des attaques contre des points stratégiques dans la région ou par des prises d'otages locaux ou étrangers. En 2007, immédiatement après avoir rejoint les rangs d'Al Qaida, l'ex-GSPC (Groupe algérien salafiste pour la prédication et le combat) avait intensifié ses attaques contre les mêmes cibles.