L'entrée des militaires marocains dans l'ilot Leila (Persil) continue de susciter des réactions. Après les ONG, c'est autour d'un collège d'avocats espagnols de dénoncer le laisser-faire du gouvernement de Mariano Rajoy qui a accepté le rapatriement des migrants dont des Centrafricains alors que leur pays est en situation de guerre. L'affaire des 13 migrants qui ont été récupérés sur l'îlot Leila par la gendarmerie marocaine attire les foudres des avocats espagnols, dont ceux de Ceuta. Ces derniers dénoncent le laisser-faire du gouvernement Rajoy et accuse le ministère de l'Intérieur d'avoir accepté la présence marocaine dans un territoire "administré" par l'Espagne. Dans un communiqué repris par ElMundo, ils dénoncent le rapatriement de certains migrants mineurs et d'autres venant d'un pays en guerre (Centrafrique) et qui pouvaient être des demandeurs d'asile. Le gouvernement n'a pas respecté les droits des migrants qui, «malgré le fait qu'ils se trouvaient dans un territoire espagnol, l'île de Persil, ont été livrés aux forces de police marocaines sans l'accomplissement d'aucune formalité légale», réagissent les avocats dans un communiqué. Selon Europa Press, le conseil du bareau de Ceuta (Sebta) avait même adressé une lettre dans ce sens pour que ces migrants puissent bénéficier de l'asile, en vain. Accord entre le Maroc et l'Espagne pour le «rapatriement» des migrants ? Outre le rapatriement des migrants, c'est l'entrée dans un territoire contesté par 32 militaires marocains qui suscite aussi l'ire des avocats. Selon ces derniers, c'est une violation du territoire sous le silence complice de l'Espagne. Mais pour le délégué de Ceuta, Francisco Antonio González Pérez, le Maroc et l'Espagne auraient conclu en 2002 un accord qui précise qu'en fonction de la provenance des personnes arrivant sur le rocher, c'est le pays d'origine qui doit prendre en charge le «rapatriement». Une révélation qui suscite toutefois des interrogations, d'autant plus que côté marocain cet accord n'a jamais été évoqué pour justifier le rapatriement des migrants ou l'entrée des militaires dans un territoire administré par l'Espagne. «Il y a quelques années, le gouvernement avait décidé une opération militaire pour défendre la souveraineté nationale dans le même îlot (2002). Hier, sans qu'aucune explication n'ait été donnée jusqu'à maintenant, il a permis à la police marocaine d'accéder au même territoire – en éludant les obligations que la Constitution, les Traités Internationaux et la Loi sur les étrangers –», dénoncent-t-ils. Pour le doyen de l'Association du Barreau de Ceuta, Isabel Valriberas, cité par 20minutos, la législation espagnole «doit être appliquée de la même manière dans tout le pays, si nous parlons de Cáceres, Ceuta ou l'îlot Persil, dont la souveraineté ne fait l'objet d'aucun doute après l'incident de 2002». Précédent à Melilia Mais la coopération entre le Maroc et l'Espagne en matière de lutte contre l'immigration irrégulière semble plus importante que les considérations des ONG et des avocats. Déjà il y a quelques mois, le cas de Melilia avait suscité la polémique après le rapatriement des migrants par les forces marocaines. Ces dernières étaient entrées dans le territoire administré par l'Espagne pour récupérer des migrants blessés qui n'ont pas pu accéder au CETI. Selon Europa Press qui cite le gouvernement espagnol, les militaires marocains étaient entrés suite à une demande d'aide de la Guardia Civil. C'est ce qu'a prétendu l'Intérieur après une lettre de l'organisation Amaiur. Lors d'une réponse orale au sujet de ces rapatriements et du refus d'entrée à la Croix rouge à Melilia, l'Intérieur a aussi souligné que le Garde civile fait son devoir pour «protéger les frontières» et que «la surveillance et le contrôle sont toujours respectueux de la loi et des droits humains». Selon ElDiario, le Médiateur national a démenti cet état de fait et a recommandé le changement de la Direction de Guardia Civil, en soulignant que «lors de l'interception d'un étranger dont le but est d'entrer illégalement en Espagne, les agents doivent le mettre à la disposition de la police nationale et qu'un dossier administratif approprié requis par la loi sur les étrangers doit être ouvert».