La récente mort de 14 migrants qui tentaient de rejoindre l'enclave espagnole de Ceuta à la nage a suscité l'émoi mais aussi de vives polémiques en Espagne. Des ONG ont même demandé l'ouverture d'une enquête sur le sujet alors que les membres de la garde civile sont pointés du doigt pour avoir utilisé des balles en caoutchouc contre les migrants. Le directeur de la Guardia civil se défend toutefois et se sert d'une ancienne vidéo comme justification. «Impeccable», c'est comme cela que qualifie le chef de la Guardia Civil, Arsenio Fernànadez Maza, l'agissement de la garde civile à Ceuta pour empêcher l'entrée des migrants subsahariens. Alors que 14 personnes ont été tuées lors d'une tentative d'entrée dans l'enclave espagnole à la nage, le directeur de la Garde civile, mise sous pression, ne veut visiblement pas ''mouiller'' ses hommes dans cette énième tragédie. Maza a indiqué qu'un seul corps de migrant a été retrouvé sur la partie espagnole, ce qui veut donc dire que les autres auraient été découverts sur la partie marocaine. Une vidéo hors contexte Arsenio Fernandez Maza ne reconnait pas la responsabilité espagnole. Il a fait savoir que l'on pourrait voir dans la vidéo que les migrants ont violemment pris d'assaut la frontière de Ceuta avant d'être repoussés par la garde civile. Sauf que, comme le souligne Periodista Digital, cette vidéo ne date pas de la semaine dernière - jeudi 6 février - lorsque les médias espagnoles ont signalé que des balles en caoutchouc avaient été utilisées contre les subsahariens pour empêcher leur entrée dans ce territoire administré par l'Espagne. Selon la même source, les agents espagnols s'étaient mobilisés sur les plages pour arrêter les migrants qui s'étaient jetés dans la mer dans le but de rejoindre Ceuta. Sur l'absence d'images de la tentative d'entrée à Ceuta à la nage, le chef de la garde civile a expliqué que cela est dû à l'emplacement des caméras. La Guardia civil nie tout en bloc Après le drame, les forces de l'ordre espagnoles avaient elles mêmes nié l'utilisation de balles blanches sur les migrants qui nageaient pour atteindre les plages de Ceuta. Sur El Economista, le chef de la garde civile avait seulement reconnu l'utilisation de matériel anti émeute pour contrer l'avalanche de migrants. Maza avait également souligné que cette opération était destinée à sauver la clôture et empêcher les migrants de sauter la frontière. Il avait également soutenu qu'aucun des immigrants «n'a marché sur le sol espagnol» grâce à l'intervention de la Garde civile, qui a utilisé des engins anti-émeute pour faire «respecter la loi et empêcher les immigrants irréguliers d'entrer en Espagne à travers la clôture». Un problème se pose toutefois : les images n'apparaissent pas dans la vidéo qui est censée blanchir la garde civile. Le ministre de l'Intérieur s'expliquera demain au Congrès La mort de ces 14 migrants ne sera pas rangée aux oubliettes. Ce jeudi, le ministre espagnol de l'Intérieur, Jorge Fernàndez Diaz, est appelé à s'expliquer au Congrès. La polémique autour de cette énième tragédie pourrait encore gagner du terrain d'autant plus que douzaine d'ONGs ont déjà dénoncé une rupture avec les droits de l'homme et demandé une enquête. Elle dénonce aussi la version Maza. «Le récit que celui-ci fait de l'agissement de la garde civile et des mesures de dispersion qu'elle utilise ne correspond en rien avec la version de la délégation du gouvernement ni avec celle de la garde civile…», soutient Javier Baeza, un membre de la coordination Barrios.