La ville occupée Melilla, débordée par des arrivées massives d'immigrants subsahariens, est soumise ces jours-ci à une pression migratoire constante, avec une tentative d'assaut menée dimanche soir par plus de 150 personnes. Dimanche matin, au moins 700 migrants avaient tenté en plusieurs groupes de s'approcher du triple grillage de protection, mais avaient fait demi-tour face à un important déploiement de forces marocaines, a indiqué la préfecture de Mellilia. Le soir, peu avant minuit, un nouveau groupe de 150 à 200 personnes a tenté de franchir le grillage, dont "une quinzaine a réussi à entrer", a annoncé lundi le préfet de Mellilia sur la radio nationale. L'arrivée de centaines de clandestins à Mellilia au mois de février a conduit à l'engorgement du Ceti, le centre d'accueil gouvernemental, qui héberge actuellement 1.300 personnes pour 480 places. Selon le préfet, des milliers d'immigrants sont actuellement massés aux abords immédiats de Mellilia, dont environ "1.500 à 2.000 sur le mont Gurugu", où les clandestins arrivés d'Afrique subsaharienne ont établi leurs campements, tandis que "8.000 à 10.000 personnes se trouveraient aux environs de la ville de Nador". Les autorités espagnoles estiment à environ 80.000 le nombre de clandestins qui attendent de pouvoir pénétrer dans les enclaves de Mellilia et Sebta. "40.000 personnes attendent de pouvoir passer, de façon illégale, en Espagne. Et 40.000 autres à la frontière de la Mauritanie avec le Maroc", avait affirmé le 4 mars le ministre de l'Intérieur, Jorge Fernandez Diaz. En plein regain de pression migratoire dans les deux enclaves, une tentative d'entrée en force à Sebta avait tourné à la tragédie le 6 février, lorsque 15 migrants étaient morts noyés en essayant de gagner la ville par le rivage. L'action de la Garde civile, accusée par des témoins d'avoir tiré des balles en caoutchouc contre les migrants, a suscité une vive polémique en Espagne. Rappelé à l'ordre par la Commission européenne, le gouvernement ne cesse depuis de se défendre, en appelant ses partenaires européens à l'aider à lutter contre l'immigration clandestine. La Garde civile a reçu pour consigne de ne plus utiliser de balles en caoutchouc pour repousser les assauts de migrants. Parallèlement, les tentatives massives de passer dans les deux enclaves se sont multipliées. Face à la situation, le ministre espagnol de l'Intérieur, Jorge Fernandez Diaz, a appelé, lundi, l'Union européenne (UE) à apporter une aide aux pays d'origine et de transit de l'immigration clandestine pour lutter contre les flux migratoires illégaux et éviter des drames humanitaires. "L'UE doit aider les pays d'origine et de transit dans leur lutte contre ce phénomène", a souligné Fernandez Diaz dans un entretien à la radio espagnole "Onda Cero", estimant que cette question doit être gérée selon une approche globale. Le ministre a, à cette occasion, mis l'accent sur l'importance de la ''solidarité et de la co-responsabilité'' des pays européens pour juguler l'immigration illégale qui constitue, selon lui, un phénomène "complexe" dont la gestion nécessite une "politique d'Etat". L'UE est appelée à mettre en place ''une politique globale prenant en considération le volet humain'' de la question migratoire, a dit le ministre. Interpellé au sujet de l'utilisation de balles en caoutchouc contre les immigrés subsahariens comme réponse à l'"attitude violente" manifestée par ces irréguliers lors de leur tentative d'entrer au préside de Sebta, le 6 février dernier, le ministre espagnol a répondu qu'il ''aurait aimé que les balles de caoutchouc ne soient pas utilisées dans un tel cas".