Plus de 1.600 migrants en situation irrégulière ont tenté, hier mardi, de pénétrer dans la ville de Sebta occupée, en quatre groupes différents, et près de 700 migrants ont été interceptés au moment où ils tentaient de forcer le passage vers Sebta, a indiqué un communiqué de la Wilaya de Tanger. La mise en échec de cette tentative intervient "grâce à la vigilance des forces de l'ordre et au dispositif de sécurité préalablement déployé sur place", précise-t-on de même source. A l'aube de la même journée, environ 1.200 migrants se sont approchés de la frontière, un premier groupe tentant de pénétrer sur le sol de Sebta par le poste-frontière de Tarajal, un autre un kilomètre plus loin tandis qu'un troisième groupe rebroussait chemin, a annoncé pour sa part un porte-parole de la préfecture de Sebta. "Aucun n'a réussi à passer", a-t-il précisé. Un peu plus tard, un quatrième groupe, d'environ 450 migrants a, à son tour, essayé vainement de passer en force par le poste-frontière. "Les forces de sécurité marocaines et la Garde civile espagnole se sont coordonnées pour éviter qu'ils n'entrent", a expliqué le porte-parole. Ces derniers jours, les assauts de migrants se sont intensifié. Le 6 février, au moins 14 migrants venus d'Afrique subsaharienne étaient morts noyés en tentant d'entrer à Sebta lors d'un assaut massif mené par plusieurs centaines de personnes. La riposte de la Garde civile ce jour-là, a soulevé une vive polémique en Espagne, des récits de migrants témoins de la scène, relayés par les médias et des défenseurs des droits de l'Homme, ayant affirmé que les forces de l'ordre avaient fait usage de balles en caoutchouc contre les clandestins. La Garde civile a alors reçu pour consigne de ne plus utiliser de balles en caoutchouc pour repousser les assauts de migrants, à Sebta comme à Mellilia. Et depuis plusieurs semaines, parallèlement à cet assouplissement des consignes, les deux villes subissent un très fort regain de pression migratoire. Rappelé à l'ordre par l'Union européenne pour l'attitude de ses forces de l'ordre à la frontière, le gouvernement espagnol s'est défendu en affirmant recevoir une aide insuffisante de ses partenaires. Le ministre de l'Intérieur, Jorge Fernandez Diaz, lors d'une rencontre lundi à Bruxelles avec la commissaire européenne à l'Intérieur, Cecilia Malmström, s'est dit "contrarié" par ces critiques. Il a affirmé que l'Espagne avait besoin d'une aide immédiate de 45 millions d'euros pour faire face à la situation d'urgence dans ses deux enclaves, seules frontières terrestres entre l'Afrique et l'Europe. "Il ne s'agit pas de faire de l'Union européenne une forteresse", affirmait le 28 février le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy. Mais, ajoutait-il, l'Union européenne a besoin "d'une véritable politique d'immigration, plus efficace et plus solidaire avec les pays qui forment ses frontières".