La nouvelle Stratégie de sécurité nationale espagnole, voulue par le chef du gouvernement de droite, Mariano Rajoy, désigne comme principal risque sécuritaire les deux enclaves Sebta et Mélilia. Le Maroc est donc perçu, en creux, comme la principale menace pesant sur le royaume d'Espagne. Lorsque Mariano Rajoy est arrivé au pouvoir, en Espagne, à la faveur des élections législatives, le 21 décembre 2011. Tout le Maroc s'est inquiété : allait-il devoir revivre les tensions qu'il avait connu entre 1996 et 2004, lors du dernier mandat national du Parti Populaire ? Cadena Ser révèle que le chef du gouvernement espagnol vient de valider la nouvelle Stratégie de sécurité nationale. En ligne de mire Sebta et Mélilia. Derrière : le Maroc. Préparée par l'ancien haut représentant pour la Politique extérieure de l'Union européenne, Javier Solana, cette nouvelle stratégie a été l'une des premières tâches le ministère de la Sécurité intérieure, Alfonso Senillosa. Le chef du gouvernement veut la faire adopter dès le premier trimestre. Si le document valide une grande partie de la stratégie adoptée par le gouvernement socialiste, il «change radicalement» l'orientation stratégique vis-à-vis de l'Afrique du nord, estime Cadena Ser. Sebta et Melilia A aucun moment, le Maroc n'est explicitement désigné, pourtant c'est bien de lui dont il s'agit quand le texte souligne que l'un des principaux risques menaçant la sécurité de l'Espagne se situe à Sebta et Melilia. S'ajoute la suppression du chapitre, introduit par le gouvernement socialiste, qui mentionnait «l'Alliances des civilisations» La nouvelle Stratégie de défense nationale reprend donc l'analyse des risques publiée, en août, dans la Directive de défense nationale. Dans une tribune publiée dans El Païs, Diego López Garrido, porte parole socialiste pour la Défense à la Chambre des députés espagnols, souligne le fait que dans l'unique risque mentionné dans l'Introduction idéologique et le premier objectif de la politique de défense nationale est appelé «amenazas no compartidas» (menaces communes). «Un euphémisme pour faire référence à Sebta et Mélilia et les prétentions qu'a sur elles le Maroc», souligne Diego Lopez Garrido. Relations difficiles Cette analyse des risques est le fruit, selon le député espagnol, du lobbying du Groupe des Etudes Stratégiques, think tank le plus conservateur du Parti Populaire. Elle appartient aussi à l'histoire des relations maroco-espagnoles. Les huit ans de présidence de José Maria Aznar, entre 1996 et 2004, ont été ponctuées par de nombreuses disputent avec le Maroc. Souvent cristallisées autour des deux enclaves, elles ont atteint leur paroxysme en 2002, lorsque le gouvernement espagnol avait décidé d'occuper l'îlot Leila, située aux larges des côtes marocaines. Cette année, le groupe nationaliste mené par Yahya Yahya, a grimpé sur l'ilot de Badis et les îles Zaffarines, le 29 août et le 3 octobre, que l'Espagne considère comme siens. En décembre, encore, on apprenait que le même groupe avait arraché le bras armé d'une statue du conquérant espagnol de Melilia, dans la cité. Parallèlement, le nombre de migrants clandestins subsahariens à tenté de franchir la frontière des deux enclaves a eu tendance à augmenter. Pendant l'été, elle a même effrayé les autorités espagnoles. Autant d'évènements qui n'ont pas participé à aider Mariano Rajoy à revoir la vision sécuritaire portée par la Directive de défense nationale.