L'ONG espagnole Prodein a dénoncé lundi matin l'entrée des forces de l'ordre marocaines à Melilla pour expulser les migrants qui escaladaient la clôture frontalière. Elle a à cet effet déposé une plainte qui vient d'être rejetée par les autorités de la ville. Et pour cause, Melilla estime que la zone située entre les barrières marocaine et espagnole ne peut être considérée comme faisant partie du territoire espagnol. Le ministère espagnol de l'Intérieur refuse d'enquêter sur l'entrée des forces auxiliaires marocaines vendredi dernier dénoncée par Prodein, une association de défense des droits de l'homme. Il a, en effet, annoncé avoir rejeté la plainte déposée par l'ONG, rapporte l'agence de presse EFE. Celle-ci a en effet publié, lundi, des photos et vidéo montrant les forces de l'ordre marocaines à l'intérieur de la zone située entre les clôtures frontalières séparant l'enclave du Maroc. Munis de matraques, selon Prodein, les agents marocains tentaient d'expulser les migrants qui étaient perchés sur la barrière frontalière. Ils y ont été introduits par la garde civile espagnole, d'après les explications du président de l'ONG, Joseph Palazon, qui a dénoncé une entrée illégale sur le sol espagnol. L'introduction des forces marocaines entre les deux clôtures «n'est pas inhabituelle» Mais selon les autorités ibériques, la zone située entre les deux clôtures ne fait pas partie du sol espagnol. Elles rejettent également les accusations d'expulsions illégales, affirmant que les migrants n'étaient pas entrés à Melilla quand les forces marocaines sont intervenues. Pourtant, la version officielle de ces dernières années disait que le territoire espagnol commence quelques mètres avant la clôture. Selon le journal El Diaro, cet argument servait à justifier le passage occasionnel de la garde civile espagnole de l'autre côté de la frontière. Et visiblement, Rabat et Madrid agissent bien d'un commun accord. Puisque le département de l'Intérieur relève que, contrairement à ce que l'on croit, la présence des forces marocaines entre les deux clôtures «n'est pas inhabituelle». «Cela fait partie de l'étroite coopération de l'Espagne avec un pays détenant le statut de partenaire privilégié de l'Union européenne», insistent des sources au sein de la délégation gouvernementale. «Transfert de souveraineté» Mais le porte-parole des étrangers au sein du Conseil général, Francisco Solans, estime qu'il faudrait être clair sur une chose : «Soit on est en Espagne, soit au Maroc. Dès qu'on franchit la première palissade, on est déjà sur le territoire espagnol», rapporte El Pais. D'après lui, la présence marocaine entre les deux barrières implique un «transfert de souveraineté» de l'Espagne au Maroc pour reconduire les migrants qui tentent de traverser la frontière. Vraisemblablement sur ce dossier dont on parle très peu au Maroc, Rabat souhaitent rester discret comme souvent sur certains point concernant la coopération hispano-marocaine. Une commission mixte devait voir le jour le 26 mars dernier pour, entre autres, poser le cadre de la réadmission systématique voulue par l'Espagne. Mais jusqu'à présent, aucune information n'a filtré sur ce sujet.