Des ONG qui militent contre le racisme et pour les droits de l'homme ont dénoncé les expulsions d'immigrants subsahariens perpétrées par la police espagnole à Melilla. Selon elles, ce «sale boulot» des autorités espagnoles est effectué sous le silence complice de l'Espagne et de l'Union européenne qui ne veulent pas «se salir les mains». Hier, le quotidien espagnol El Pais révélait des expulsions illégales de subsahariens à Melilla en se basant sur des enregistrements audio de la Guardia civil datant d'avril dernier. Ce mardi, des ONG contre le racisme et qui militent pour les droits de l'homme se sont levées pour exprimer leur désaccord suite aux expulsions d'immigrants clandestins qui entrent dans l'enclave espagnole. «C'est une pratique courante, libre de tout fondement juridique», explique Mikel Mazkiaran, secrétaire de la fédération nationale espagnole de SOS Racisme. Il précise également que «bien qu'ils (les garde civils) prétendent protéger l'accord hispano-marocain de 1992, aucun article ne permet des retours d'immigrants irréguliers sans un dossier administratif. Bien au contraire, la loi sur les étrangers leur assure une assistance juridique.» Selon cette source, les clandestins sont exclus via une porte située aux frontières de Melilla et cette pratique existe depuis de nombreuses années. «Nous sommes conscients de cela depuis une dizaine d'années. La garde civile, au lieu de conduire les immigrants dans un poste de police ou au Centre d'accueil temporaire pour les immigrants (CETI), les expulse illégalement à travers la frontière», fustige de son côté le président de la fondation PRODEIN, José Palazón. La Garde civile fait le «sale boulot» de l'Espagne et de l'UE Mais par-dessus tout, ce qui agace ces ONG, c'est l'attitude de l'Espagne et de l'Union Européenne. Selon elles, l'Etat ibère et l'UE sont complices de ces actes et veulent que les forces de l'ordre fassent leur travail à leur place. Elles fustigent le fait que la garde civile soit utilisée pour servir de bouclier à l'Espagne et à l'Union Européenne. «L'armée (La Guardia Civil dépend de l'armée, c'est l'équivalent de la gendarmerie, ndlr) est payée par l'Espagne et est totalement à son service. Les militaires font le «sale boulot» pour que notre Gouvernement et l'Union Européenne ne «se salissent pas les mains»», peste Palazón. Selon ce dernier, de nombreux gardes civils ne sont pas en faveur de ces expulsions et sont «utilisés pour commettre des actes illégaux». Et le président de la fondation PRODEIN s'y prend ironiquement. Pour lui, un agent de police ne peut pas détenir la clef d'une frontière internationale». Il pense même que les policiers commettent un «grave délit» en expulsant les subsahariens. Le Maroc impliqué ? A en croire la même source, l'enregistrement audio de la conversation des agents de police espagnols prouve que les autorités marocaines sont impliquées dans ces expulsions. «Un immigrant qui est intercepté, peut immédiatement être réadmis, sans aucune formalité, si le Maroc l'accepte», avait d'ailleurs expliqué le commandant Eduardo Lobo Espinosa durant un séminaire organisé à Melilla en mai. Ces derniers mois, les tentatives d'entrées massives d'immigrants clandestins se sont répétés sur Melilla. Certains qui réussissent à entrer dans l'enclave sont conduits au Centre d'accueil temporaire pour les immigrés. Récemment, les autorités espagnoles se plaignaient de la saturation de ce lieu d'accueil. Une situation confirmée par Mazkiaran qui souligne que ces expulsions ont pour fin d'éviter la saturation du CETI. Mais selon ce dernier, les clandestins qui entrent dans la ville souhaitent être conduits au commissariat et par étendue au CETI mais pas retourner au Maroc.