Le 29 janvier, le ministère des Affaires étrangères marocain convoquait l'ambassadeur de l'Algérie au sujet des réfugiés syriens refoulés vers le Maroc. Les Subsahariens, eux, ne semble pas bénéficier de la même attention politique. Même s'ils parviennent à escalader les barrières séparant Melilla du territoire marocain, la Guardia Civil les renvoie d'où ils viennent sans susciter la moindre réaction de la part de Rabat. Rabat semble accepter le rapatriement des Subsahariens en situation irrégulière a Melilla. Le fil des navettes de la Guardia Civil entre l'enclave espagnol et la frontière avec le Maroc est quasiment ininterrompu. Une vidéo de l'ONG Prodein, basée à Melilla, vient de lever le voile sur une pratique qui se répète, d'un commun accord entre les autorités des deux pays, à chaque nouvelle tentative d'entrée massive de Subsahariens, de plus en plus fréquente ces derniers mois. Les ONG crient à l'illégalité La vidéo montre le «transfèrement» par des agents de la Guardia Civil, de Subsahariens qui ont réussi à escalader les barrières protégeant l'enclave espagnole vers la partie marocaine. Une opération qui se déroule en toute illégalité. Et pour cause, Rabat n'a pas encore accepté, officiellement, le retour des sans-papiers non marocains qui passent en Europe et ayant transité par son territoire. Cet enregistrement est une nouvelle preuve de ce que la presse espagnole et les associations des droits de l'homme avaient déjà pointé du doigt, quelques mois auparavant. José Palazón Osma, le président de l'ONG Prodein, auteur de la vidéo, monte au créneau pour dénoncer le non-respect du gouvernement Rajoy des procédures d'accueil des migrants irréguliers quand ils sont sur la zone proche de la frontière grillagée avec le Maroc. Dans des déclarations à El Faro Digital, il rappelle qu'entre la partie marocaine et Melilla, il n'y a pas de no-man's land. Selon lui, il s'agit là d'un «territoire espagnol». De facto, les autorités de Melilla sont dans l'obligation de les conduire au centre de rétention de la ville et ne doivent pas les renvoyer vers le Maroc. Réfugiés syriens et Subsahariens : deux poids, deux mesures Jusqu'à présent, ce rapatriement illégal de Subsahariens vers le royaume, n'a point suscité de réactions hostiles de la part de Rabat. C'est même, semble-t-il, le silence total. Une attitude qui confirme, si besoin est, le rôle endossé par le Maroc en tant que gendarme de l'Europe. Cette attitude tranche complètement avec la vive réaction de la diplomatie marocaine vis-à-vis de l'expulsion par l'Algérie vers le territoire national de réfugiés syriens. Le ton était monté jusqu'au point de convoquer l'ambassadeur du voisin de l'Est accrédité à Rabat, ajoutant de nouvelles tensions aux relations, déjà, conflictuelles entre les deux pays. Même si le cas des réfugiés syriens est légèrement différent de celui des Subsahariens, il est difficile de comprendre le mutisme du Maroc sur un cas de violation de la loi et des accords bilatéraux.