La nouvelle direction du quotidien El Pais a-t-elle cédé face aux autorités marocaines ? La «mutation» du journaliste Cembrero du service Maghreb à un autre moins prestigieux (El Pais semanal), sonne plutôt comme une sanction contre Ignacio pour avoir diffusé une vidéo d'AQMI sur le Maroc. Après Ali Anouzla, le journaliste espagnol, Ignacio Cembrero, est un autre dommage collatéral de la fameuse vidéo d'AQMI sur le Maroc, diffusée en septembre dernier. Travaillant, depuis 1979 au quotidien El Pais, en tant que spécialiste du Maroc et du Maghreb depuis les locaux madrilènes du journal, il vient d'être muté au supplément dominical du quotidien. Son remplaçant est Javier Casqueiro. Une redistribution des rôles qui intervient au lendemain de la nomination, mi-février, d'un nouveau directeur de la rédaction, Javier Moreno. La sanction aurait être pire si ce n'est les bonnes relations qu'entretiennent Cembrero avec de puissantes personnalités au sein du groupe Prisa, éditrice d'El Pais, et au PSOE. Et ce sont ces mêmes relais qui auraient permis au journaliste d'échapper à la vague de licenciement du personnel, lancée par la direction, voilà plus d'une année. El Pais a cédé à la pression du Maroc Une décision qui intervient «trois semaines après qu'une plainte déposée par le premier ministre du Maroc, Abdelillah Benkirane, soit parvenue à l'Audience nationale, la plus haute instance pénale espagnole», a-t-il précisé dans une lettre adressée à ses amis maghrébins. Visiblement, la direction d'El Pais qui traverse une conjoncture économique des plus difficiles a choisi d'adopter un profil bas dans le bras de fer qui l'oppose aux autorités marocaines. Selon les chiffres de l'OJD espagnol, les ventes du quotidien dans les kiosques ont largement chuté l'année dernière, se situant seulement à 186.721 copies contre 349.175 en 2006, portant un grave préjudice aux finances du journal alors que la société éditrice a cumulé 3 MM € de dettes. Parfaitement conscientes de la situation critique dans laquelle se trouve El Pais, les autorités marocaines ont publié quelques semaines avant le dépôt de la plainte, tout un supplément étalé sur plusieurs pages du quotidien espagnol. Des ministres, comme Lahcen Daoudi, ou le patron de la SNRT, Faiçal Laâraichi, ont eu droit à des interviews-fleuves dans les colonnes d'El Pais. Des sources chiffraient le coût de ce grand publi-reportage sur le Maroc en millions d'euros.