Washington a réagi une nouvelle fois à l'affaire Ali Anouzla, lors du point de presse quotidien du Département d'Etat, et exhorte les autorités marocaines à traiter cette affaire de manière équitable et transparente. Interrogée mercredi lors du point de presse quotidien sur la détention du journaliste Ali Anouzla, accusé au Maroc d'incitation au terrorisme, la porte-parole adjointe du département d'Etat, Marie Harf, a exprimé la position de son administration : «La décision du gouvernement marocain d'inculper Ali Anouzla nous inquiète. Nous soutenons les libertés d'expression et de la presse, des droits universels qui, comme nous l'affirmons en permanence, forment une part indispensable de toute société. Nous exhortons les autorités marocaines à traiter cette affaire de manière équitable et transparente conformément au droit marocain et aux obligations internationales du Maroc, dont la garantie suffisante du droit («due process»). Nous avons un dialogue ouvert et productif avec le gouvernement du Maroc à propos des droits de l'homme, y compris concernant les progrès qu'ils réalisent sur certaines de ces questions». Le même jour c'est le quotidien Washington Post qui a consacré son éditorial à l'affaire Anouzla, expliquant qu'avec cette arrestation le régime marocain semble renoncer aux réformes promises en 2011. "Si le roi Mohammed VI souhaite préserver sa crédibilité en tant que réformateur, il donnera l'ordre de relâcher son détracteur", concluait le Washington Post. Contacté le 25 septembre dernier par Lakome, le Département d'Etat avait expliqué de source autorisée ne pas être «au courant» d'éventuels liens entre Ali Anouzla et Lakome d'un côté et l'organisation terroriste Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) de l'autre. Déjà 17 jours de détention pour Ali Anouzla Le 17 septembre dernier, Lakome arabophone dont Ali Anouzla est le directeur, avait publié un article expliquant que le groupe terroriste Aqmi, à travers le média Al-Andalus, venait de diffuser sur internet une vidéo de propagande (intitulée "Royaume de la corruption et du despotisme") appelant au jihad au Maroc et attaquant Mohammed VI. Le texte était accompagné d'un lien renvoyant vers le blog d'El Pais du journaliste Ignacio Cembrero, qui contenait un enregistrement de la vidéo d'Aqmi. Lakome version francophone a de son côté directement intégré la vidéo d'Aqmi sur son site, dans un article consacré au sujet, jusqu'à ce que Youtube supprime cette vidéo. Son directeur Aboubakr Jamai n'a pas été inquiété par les autorités. Par ailleurs, le ministère de la Justice avait annoncé mardi 17 septembre le dépôt à venir d'une plainte à Madrid contre le journal El Pais pour avoir publié l'enregistrement de la vidéo. Mais aujourd'hui aucune plainte ne semble avoir encore été déposée en Espagne.