Le Département d'Etat américain, sollicité mercredi 25 septembre par Lakome, affirme suivre «de près» l'affaire du journaliste placé en détention préventive à la prison de Salé et explique ne pas être courant d'éventuels liens entre Ali Anouzla et l'organisation terroriste Aqmi. Sollicité mercredi 25 septembre par Lakome pour réagir au placement en détention préventive du journaliste Ali Anouzla, poursuivi par les autorités marocaines pour apologie et incitation au terrorisme, le Département d'Etat américain a répondu de source autorisée : «Nous suivons de près l'affaire du journaliste arrêté Ali Anouzla et nous nous renseignons sur les charges retenues contre lui. Nous vous renvoyons vers les autorités marocaines pour expliquer ces charges. Nous conseillons vivement aux autorités de traiter le cas de M. Anouzla d'une manière équitable et transparente, conformément à la législation marocaine et aux obligations internationales du Maroc, y compris la garantie suffisante du droit («due process») ». Lakome a demandé au Département d'Etat si le gouvernement américain pense que Lakome ou Ali Anouzla ont des liens avec Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). «Nous ne sommes pas au courant de tels liens», a répondu officiellement le Département d'Etat. Poursuivi pour apologie et incitation au terrorisme Mardi dernier, avant que les charges retenues contre Ali Anouzla ne soient connues, l'administration dirigée par John Kerry avait fait une première déclaration à Lakome en expliquant suivre de près cette affaire. Rappelons que Freedom House et Human Rights Watch, les deux organisations américaines de défense des droits de l'homme les plus importantes, ont dénoncé l'arrestation d'Ali Anouzla et demandé sa libération immédiate, à l'instar de plus de 60 ONG et associations professionnelles internationales. Amnesty international a de son côté lancé une de ses "actions urgentes" en soutien à Ali Anouzla. Le 17 septembre dernier, Lakome arabophone dont Ali Anouzla est le directeur, avait publié un article expliquant que le groupe terroriste Aqmi, à travers le média Al-Andalus, venait de diffuser sur internet une vidéo de propagande appelant au jihad au Maroc et attaquant Mohammed VI. Le texte était accompagné d'un lien renvoyant vers le blog d'El Pais du journaliste Ignacio Cembrero, qui contenait un enregistrement de la vidéo d'Aqmi. Lakome version francophone a de son côté directement intégré la vidéo d'Aqmi sur son site, dans un article consacré au sujet, jusqu'à ce que Youtube supprime cette vidéo. Son directeur Aboubakr Jamai n'a pas été inquiété par les autorités. Par ailleurs, le ministère de la Justice avait annoncé mardi 17 septembre le dépôt à venir d'une plainte à Madrid contre le journal El Pais pour avoir publié l'enregistrement de la vidéo. Mais plus d'une semaine plus tard, aucune plainte ne semble avoir encore été déposée en Espagne.