Le ministre marocain de l'Industrie Moulay Hafid Elalamy a reconnu que le Maroc était un «piètre joueur en matière de barrières non-tarifaires» au contraire de bien des pays. Une situation qu'il aimerait renverser pour que le royaume puisse se battre sur le marché international à armes égales avec certains pays, tout en respectant, comme toujours, les règles de l'OMC. Le Maroc est-il un petit joueur dans le commerce international ? Le ministre marocain de l'Industrie, Moulay Hafid Elalamy, en semble convaincu. Dans un entretien accordé à Usine nouvelle, il a indiqué que le royaume ne bénéfice pas des mêmes armes que bien d'autres pays. Pour résumer sa pensée, le royaume joue le jeu du client et partenaire modèle dans ses échanges mais en subit les conséquences. «En matière d'échanges commerciaux, le Maroc est honnête et prend des claques à cause de cela», a souligné Elalamy. Selon le ministre, le Maroc devrait plus se servir des barrières non-tarifaires. «Le Maroc est un piètre joueur en matière de barrières non-tarifaires. Nous n'utilisons jamais les barrières non-tarifaires au contraire de bien des pays», a-t-il expliqué, faisant référence au conflit qui s'est déclaré entre l'entreprise ArcelorMittal et le Maroc au sujet du dumping. Dans ce domaine précisément, le royaume avait accusé le sidérurgiste européen d'exporter au Maroc de l'acier plat à prix cassé, c'est-à-dire, beaucoup plus bas que ceux pratiqués par des concurrents marocains. Une situation qu'avait niée en bloc la société visée. Le dumping sur l'acier plat est bien réel A en croire le ministre, le dumping sur les aciers plats importés au Maroc est bel et bien réel. «C'est ce qui m'est remonté par mes services. Certes, on peut aller plus loin dans l'analyse. Mais notre pays se doit d'être vigilant», a expliqué ElAlamy. «S'il y a dumping, on arrêtera le dumping. Sinon nous n'interviendrons pas. Mais pour l'instant le dumping est constaté», a-t-il préféré nuancer. «Mi-novembre, le département du Commerce extérieur marocain a rendu ses conclusions provisoires en calculant, pour ArcelorMittal, une marge de dumping totalement déraisonnable de 60,42% et en lui imposant une surtaxe provisoire de 29,12%». Ce qui est sûr, c'est que le Maroc n'utilise pas beaucoup les mesures anti-dumping ou les barrières non-tarifaires pour protéger son économie et son industrie. C'est pourquoi, Elalamy estime que la mesure anti-dumping sur l'acier plat est légitime. Les partenaires du Maroc doivent être «dignes de confiance» Mais ce qui est le plus important à ses yeux est que le comportement commercial des partenaires du Maroc doit évoluer. «J'ai souffert des barrières aux exportations… en tant que président du patronat aussi. Oui, j'ai souffert que mon pays n'utilise pas les mêmes armes que certains pays», a-t-il expliqué. Mais il a quand même voulu préciser qu'il comprenait «que le Maroc souhaite respecter ses engagements vis-à-vis de l'OMC par exemple». Au sujet du lourd déficit commercial et l'élargissement de l'accord de libre échange avec l'UE, le ministre assume le choix du Maroc. Toutefois, il a précisé qu'on «ne peut conclure des accords de libre-échange qui cachent des armes sous le manteau, normes ou autres. Ce n'est pas sérieux». «Je déplore au niveau de l'économie mondiale que trop de pays utilisent des manœuvres dilatoires. Ça biaise le jeu», regrette-t-il. Le ministre a finalement voulu prévenir les partenaires qui agissent de la sorte : « si on veut avoir des relations commerciales saines, il faut arrêter ces manigances. Quand un pays économiquement petit comme le Maroc joue le jeu, le minimum est que les pays partenaires avec lesquels il fait des affaires soient dignes de cette confiance».