Le Comité national pour la liberté d'Anouzla a organisé le 28 octobre 2013 à Rabat un Festival de la liberté d'opinion, d'expression et de la presse, sous le thème: «Non à la répression des journalistes. Liberté d'abord et toujours». A cette occasion, le journaliste Ali Anouzla a envoyé aux participants une lettre qui a été lue par sa sœur. Voici la traduction française de cette lettre. Bonsoir, Je vous adresse un salut de liberté et de dignité J'adresse mon salut de liberté à vous, honorables et dignes militants pour la liberté de parole et d'expression, qui œuvrez pour un Etat de droit pour les droits de l'Homme. J'adresse mon salut de liberté aux avocats membres de mon collectif de défense, je suis reconnaissant à vous tous pour m'avoir soutenu et pour avoir défendu la liberté de la presse dans un pays qui a encore du mal à tolérer la liberté d'expression. J'adresse mon salut de liberté à Mesdames et Messieurs les membres du "Comité national pour le soutien et la liberté d'Anouzla". Les mots me manquent pour vous décrire l'émotion qui m'étreint et pour vous exprimer mes sincères remerciements pour l'excellent travail que vous avez accompli pendant que j'étais derrière les barreaux, sous le coup de la loi anti-terroriste. A travers vous, j'adresse mes remerciements à tous les organismes professionnels, politiques et de droits humains marocains, et aux organisations internationales professionnelles et de défense des droits, pour leur précieuse solidarité avec moi dans cette épreuve. J'adresse mon salut de liberté à mes collègues, femmes et hommes, les journalistes nobles et dignes au Maroc et dans le monde. Depuis le premier jour, vous avez exprimé d'une voix forte et solennelle votre refus catégorique de cette accusation et vous dit dans toutes les langues du monde «Anouzla est un journaliste et non pas un terroriste». Ainsi, vous avez joué le rôle de caisse de résonance immense qui a réussi à empêcher que ce procès se déroule en silence et dans l'indifférence. Vous avez courageusement refusé que soit broyée en catimini l'une des plumes libres. J'adresse mon salut de liberté à mes chers collègues, amis et frères au sein des deux sites Lakome, arabophone et francophone, aux militants des droits humains, aux honorables intellectuels et penseurs, aux des artistes, des politiciens et aux militants partout où vous vous trouvez, et en particulier aux jeunes du glorieux Mouvement du 20 Février... J'adresse mon salut de liberté à tous les enfants généreux et braves de notre peuple, qui m'ont entouré ainsi que ma famille de leur amour, leur compassion et leur soutien, alors que je me trouvais en proie à la détresse que procure une étroite cellule, ne sachant quand je pourrais la quitter. Je suis incapable de décrire ma gratitude envers vous tous, j'aurais aimé pouvoir vous serrer chacun dans mes bras. Ma gratitude et mes remerciements s'adressent également à toutes les amies et tous les amis qui, de par leurs positions respectives, ont essayé de contribuer à trouver une issue à ce dossier. Ils ont participé à désamorcer la crise et permis d'entrouvrir une porte à l'espérance dont se nourrit notre optimisme de voir demain notre Maroc baigner dans un climat de liberté, de dignité et de justice. Mesdames et Messieurs, honorable assistance, J'aurais aimé être présent parmi vous ce soir, mais comme vous le savez je suis encore en liberté provisoire, par conséquent je vous serais reconnaissant de bien vouloir pardonner mon absence, tout comme je sollicite votre compréhension et votre indulgence suite à ma volonté de m'abstenir de toute déclaration aux médias et aux entités civiles ou politiques, pendant la durée de l'enquête détaillée. Cependant, je puis vous assurer et vous promettre qu'Ali Anouzla restera égal à lui-même, comme vous l'avez connu auparavant, un journaliste indépendant, mû par la quête de la vérité, et qui défend le droit du citoyen de savoir ce qui se passe autour de lui et dans son pays. Je demeurerais un défenseur des libertés, de la démocratie, des droits de l'homme, de la citoyenneté et des défis de la gouvernance à tous ses niveaux. Dans ce cadre, mon souci principal restera de gagner le défi de l'approche professionnelle lors du traitement de toutes ces questions. Honorable assistance, Je l'ai dit et je le répète, je suis un journaliste dans la première ligne de défense de la liberté, la démocratie, la dignité humaine, les droits humains, la paix et la coexistence entre toutes les couches de la société. De ce fait, je suis contre le terrorisme et contre le projet terroriste. Un journaliste dont le métier est de diffuser l'information et éclairer l'opinion publique ne peut en aucun cas faire partie des projets obscurantistes et meurtriers, quels qu'en soient les intitulés et les justifications. Mon vœu sincère est que ce dossier sois clos dès que possible, et que la sagesse et la prudence l'emportent chez toutes les volontés qui l'entourent. Entretemps, je sollicite la continuation de votre appui, votre soutien et aussi votre vigilance. Quant à moi, je le dis et le redis, je rejette devant vous toutes les accusations qui me sont attribuées, je revendique avec force mon innocence et que la poursuite se fasse dans le cadre du code de la presse. Enfin, à partir du thème de ce festival qui est «La liberté d'abord et toujours», je vous dis encore une fois que ma conviction de toujours est que la liberté est la valeur des valeurs, et qu'il n'y a pas d'état intermédiaire entre la liberté et de la détention. Par conséquent, nous devons tous militer pour que le prochain code de la presse et de l'édition ne contienne aucune sanction privative de liberté. J'ai passé 39 jours privé de ma liberté, et vous avez passé, ainsi que ma famille, la même période en train de souffrir et militer pour ma liberté et la liberté de tous les citoyens vivant sur le territoire de ce pays. Je ne peux, en guise de conclusion, que méditer ce vers de poésie arabe immortalisé par l'histoire de l'injustice humaine: Jamais un pays n'a rejeté ses enfants, c'est plutôt l'oppression des hommes qui le fait. Je vous souhaite une excellente soirée. Vive le Maroc, patrie libre pour des femmes et des hommes libres.» Traduction de l'arabe : Ahmed Benseddik. Visiter le site de l'auteur: http://www.lakome.com