Le directeur de Lakome arabophone Ali Anouzla a entamé sa garde à vue ce mardi. Ses avocats espèrent le rencontrer mercredi matin. Un sit-in de solidarité est organisé mercredi soir à 18h devant le siège de la BNPJ à Casablanca. Ali Anouzla, interpellé mardi matin à Rabat sur ordre du procureur général de la cour d'appel de Rabat, a été placé en garde à vue au siège de la BNPJ à Casablanca, où il est interrogé par les enquêteurs de la police judiciaire. Ses avocats, maitre Naïma El Guellaf et les anciens bâtonniers Abderrahim Jamaï et Abderrahman Benamor, espèrent le rencontrer mercredi en fin de matinée après une première tentative infructueuse mardi après-midi. La défense d'Ali Anouzla ne sait pas encore si le journaliste est poursuivi dans le cadre de la loi anti-terroriste de 2003, qui autorise une garde à vue de quatre jours sans accès à un avocat. Le communiqué du procureur général diffusé mardi matin indiquait par ailleurs que "les procédures judiciaires adéquates seront appliquées à la lumière des résultats de l'investigation" actuellement en cours. El Pais poursuivi à son tour Le quotidien espagnol El Pais, qui a publié la même vidéo sur son site internet, est lui aussi attaqué en justice par Rabat. "Le gouvernement marocain a décidé de poursuivre le quotidien El Pais devant les autorités judiciaires espagnoles compétentes", a indiqué le ministère de la Justice dans un communiqué publié en fin de journée par l'agence officielle MAP. Le ministère dirigé par Mustapha Ramid estime que la diffusion sur le site internet d'El Pais de la vidéo en langue arabe "signifie qu'elle était adressée aux arabophones en général, et aux Marocains en particulier, et constitue de ce fait une incitation à perpétrer des actes de terrorisme dans le royaume, et une menace pour la sécurité des citoyens marocains et leurs biens", selon la même source. Appel à un sit-in mercredi à Casablanca L'interpellation d'Ali Anouzla a provoqué une vague d'indignation sur les réseaux sociaux et au sein de la société civile. Une page Facebook de soutien à Ali Anouzla a été créée mardi et compte déjà plus de 2300 membres. Un sit-in de solidarité avec Ali Anouzla est par ailleurs organisé mercredi soir à 18h à Casablanca, devant le siège de la BNPJ, sur le boulevard Roudani. La fédération marocaine des droits de l'homme a exprimé mardi son soutien à Ali Anouzla, tout comme le mouvement "ANFASS démocratiques" dont voici le communiqué : Anfass démocratiques a appris avec consternation l'arrestation du journaliste marocain Ali Anouzla rédacteur en chef du site d'information électronique Lakome version arabe. Cette arrestation choquante et incompréhensible semble être en lien avec la publication, par Lakome (comme plusieurs médias marocains et internationaux) d'une information sur une vidéo de la nébuleuse terroriste AQMI, selon le communiqué du parquet. La version arabe du site Lakome s'est contentée de relayer l'information en publiant un lien vers un article sur le site du journal espagnol ElPais, sans en aucun cas publier la vidéo. Nous trouvons tout à fait répressive la saisie des ordinateurs de la rédaction du site Lakome par les autorités. Cette atteinte claire à la liberté de la presse et la confidentialité des sources, nous pousse à nous interroger sur les véritables raisons de cette arrestation que nous jugeons clairement liberticide. En se basant sur ce qui précède, Anfass : - exprime sa totale solidarité avec le journaliste Ali Anouzla et la rédaction du site Lakome. - condamne avec la plus grande fermeté les intimidations dont continuent à être victimes les journalistes et la presse indépendante au Maroc. - exige du gouvernement et en la personne de M Mustapha Ramid de donner ses instructions fermes pour que l'investigation respecte scrupuleusement les principes d'une enquête indépendante dans une affaire où la liberté d'expression est clairement mise en cause. La poursuite de Mr Anouzla doit, en tout état, être exclusivement selon le code de la presse. - appelle à instaurer une instance ordinale régissant les droits et obligations des journalistes et des médias, intermédiaires dans l'Etat de Droit. - continuera sa mobilisation et suivra de près l'avancement de cette enquête qui rappelle tristement des épisodes sombres de notre histoire moderne. Mouvement Anfass Démocratiques