Dans un communiqué rendu public samedi soir, le député PJD, Mustapha Ramid, a démenti que sa fille, Hajar, ait fait l'objet d'un rapt. L'avocat islamiste a précisé que son absence n'était en fait qu'une fugue d'adolescente. La fille de Mustapha Ramid n'a pas fait l'objet d'un rapt. C'est le député PJD lui-même qui a démenti cette information dans un communiqué qu'il a rendu public, samedi en fin d'après-midi. Me Ramid a indiqué que l'absence de sa fille Hajar, 15 ans, au cours de la journée du mercredi 23 février, n'est qu'une affaire de fugue d'adolescente due à une dépression passagère. "Après les investigations effectuées par les services compétents et par moi-même à la suite de la disparition de ma fille, Hajar, le mercredi 23 février 2005, qui a donné lieu à des spéculations selon lesquelles elle aurait fait l'objet d'un enlèvement, je suis arrivé à la certitude qu'il ne s'agissait pas d'un rapt et que ma fille a voyagé seule à Marrakech à cause d'une dépression", a indiqué M. Ramid. Rappelant que sa fille a regagné le domicile familial saine et sauve, l'avocat du barreau de Casablanca a tenu à remercier toutes les personnes qui l'ont "soutenu dans cette épreuve et à tous ceux qui se sont acquittés de leur devoir pour l'aider à parvenir à la vérité ". Me Ramid se réfère ainsi aux services de sécurité qui se sont mobilisés durant toute la journée du mercredi pour retrouver sa fille. Des efforts qui ont été couronnés par le retour de Hajar saine et sauve chez ses parents après une disparition de presque douze heures. Le communiqué de Ramid a ainsi mis fin aux spéculations de certains milieux hostiles au Maroc qui ont tenté de donner une dimension "politique" à la disparition de la jeune fille. Il s'agit notamment du quotidien espagnol «El Mundo» qui a consacré, samedi, un article à cette affaire où il a accusé les services de sécurité marocains d'être derrière le prétendu enlèvement de la fille de Ramid. Dans un article signé par Ali Lmrabet, «El Mundo» a accusé les autorités marocaines d'être derrière le supposé rapt dans le but de faire pression sur le député islamiste. "Les années de plomb sont-elles de retour, l'époque où la séquestration des citoyens était une pratique commune qui se faisait dans l'impunité absolue?", s'est demandé l'auteur de l'article. Rappelant ce qui s'est passé durant la journée du 23 février, selon la première version donnée par la jeune fille, Lmrabet a indiqué que la méthode utilisée dans cette affaire ressemble à celle qui était utilisée par certains services de sécurité durant les années de plomb. "La fille de Ramid a été kidnappée, le mercredi 23 février à 10h00 à Casablanca, par deux hommes et une femme, et libérée le même jour à 21h00 dans un terrain vague de Marrakech", a-t-il dit avant de rajouter que "la méthode utilisée par les kidnappeurs rappelle avec force le modus operandi de la DST, la police politique marocaine, quand elle arrêtait sans autorisation judiciaire les suspects qu'elle voulait interroger". Selon Lmrabet, la fille de Ramid aurait été kidnappée pour faire pression sur son père pour qu'il mette fin à sa campagne en faveur d'une réforme constitutionnelle. Pour appuyer sa thèse de kidnapping politique, le journaliste franco-marocain s'est appuyé sur des déclarations du député islamiste qui lui aurait affirmé que "l'enlèvement" de sa fille aurait des objectifs politiques. "Je suis sûr que l'enlèvement de ma fille avait un objectif politique", aurait-t-il dit au quotidien espagnol. Selon les déclarations de Ramid rapportées par ce journal, "les kidnappeurs" de sa fille "n'étaient pas des délinquants communs, ils parlaient comme des hommes d'autorité et non comme de vulgaires délinquants". Ne disposant pas de preuves, le député PJD a préféré ne pas accuser un service précis. "Malheureusement, pour le moment, je n'ai pas de preuves pour accuser tel ou tel service", aurait-t-il déclaré au journaliste d'«El Mundo». Outre le quotidien espagnol, la thèse de la séquestration a été relayée par certains organes de la presse nationale. Il s'agit notamment du quotidien arabophone «Attajdid». Porte-parole du Mouvement unicité et réforme (MUR) allié idéologique du PJD, ce quotidien a publié un article à la Une où il fait état de "la séquestration de la fille de Mustapha Ramid". Par ailleurs, il est à signaler que cette thèse a été défendue par le père de la jeune fille durant toute la matinée du samedi. D'ailleurs, il avait convoqué une conférence de presse chez-lui à 16 heures, afin que les journalistes puissent entendre la version des faits de la bouche même de la "victime". mais, le rendez-vous a été annulé à la dernière minute par M. Ramid lui-même qui a annoncé qu'il allait rendre public un communiqué sur l'affaire. Un communiqué où il a démenti que sa fille aurait fait l'objet d'un rapt. Ce changement de position est intervenu à un moment où les enquêteurs étaient parvenus à la conclusion selon laquelle la jeune Hajar avait tout simplement inventé la version du rapt afin de justifier une fugue d'adolescente. Dans un communiqué, le procureur général du Roi près la Cour d'appel de Casablanca a démenti les informations parues dans certains journaux nationaux concernant l'"enlèvement" de la fille de M. Ramid, précisant qu'"il ne s'agissait pas d'un rapt" et que "l'intéressée a quitté le domicile familial d'elle-même". Selon le chef du parquet de Casablanca, qui avait ouvert une enquête le jour même de la disparition de Hajar, "les investigations intensives et immédiates menées par la police judiciaire et les déclarations des amies de la fille, qui l'accompagnaient au moment de sa disparition, ont montré que cette dernière a pris la décision de quitter le domicile familial après que cette idée avait germé dans sa tête depuis une semaine". Selon les enquêteurs, la jeune Hajar a quitté le lycée où elle poursuit ses études le jour de sa disparition du domicile familial à 10h du matin et pris le train en direction de Marrakech, une heure après. À son arrivée à cette ville, elle a contacté son père pour l'informer qu'elle avait fait l'objet d'un enlèvement. Ainsi, il s'agit d'une affaire de fugue d'adolescente souffrant d'une dépression. Ce qui peut se passer chez toutes les familles sauf que, dans le cas de la famille Ramid, certains milieux hostiles au Maroc ont fait leur irruption pour donner cette affaire une dimension politique.