La fille de Mustapha Ramid, Hajar, n'a, fait finalement, qu'une fugue. Le père, dont nous respectons l'émotion, toujours douloureuse dans ce genre de situation, s'en est tiré avec une grosse frayeur. Finalement, la petite, 15 ans à peine, a été retrouvée, saine et sauve, sur le parking d'une station d'essence dans la proche banlieue de Marrakech. La fille de Mustapha Ramid, Hajar, n'a, fait finalement, qu'une fugue. Le père, dont nous respectons l'émotion, toujours douloureuse dans ce genre de situation, s'en est tiré avec une grosse frayeur. Finalement, la petite, 15 ans à peine, a été retrouvée, saine et sauve, sur le parking d'une station d'essence dans la proche banlieue de Marrakech. Cela n'a été, à la fin, ni un rapt politique, ni une opération de truands, ni un coup de la branche armée des éradicateurs de salon. La fille avait juste besoin de changer d'air. C'est normal. Et c'est de son âge. Toutefois, il y a quelques leçons à tirer de cette mésaventure familiale, donc strictement privée, car le papa, lui, est un homme très public. Et, comme nous sommes encore en démocratie, et que les barbus -les méchants, je veux dire- n'ont pas encore pris le pouvoir, on ne va pas se gêner. Mustapha doit se lâcher un peu. Ce n'est pas parce qu'il est un des patrons du PJD qu'il doit nécessairement organiser le domicile familial en Guatanamo islamiste. Cool, Bastophe. Les filles, pour leur éducation, ont besoin d'affection, d'amour, de légèreté et, pourquoi pas, même d'un peu de grivoiserie romantique. Si ton truc ce sont les ablutions obligatoires à 5 heures du mat, oraisons collectives pile-poil à temps, extinction des feux après l'Angélus du soir, burka à la dernière mode de Kandahar… il faut arrêter net, sinon, la petite, elle, va se barrer encore. Sois cool, Si Mustapha. Nous avons tous des filles. Baisse la pression et fait ressortir l'amour que tes parents ont mis à l'intérieur de toi-même personnellement. Un film au Mégarama de temps en temps, un petit restau par-ci, un Mac-Do par là, un pique-nique de temps à autre sur la pelouse du Karting de Benslimane, des fois une soirée de scrabble ou de «trivial pursuit», un petit abonnement à Canal ou TPS, une petite virée à Paris pour les soldes, un shopping dans le Triangle d'or, les strings sont tellement affriolants cette saison… bref, secoue-toi un peu, mon ami. Arrête de faire l'austère. Et dépense un peu de tes sous halal 100% sueur du front. Ce n'est pas en offrant à Hajar l'œuvre complète d'Ibn Thaimya reliée en cuir de biche vierge que tu vas l'accrocher. Et ce n'est pas avec les 10 volumes de La vie des Prophètes dans les religions révélées sur papier d'Arménie que tu vas l'épater. Et ce n'est pas avec la promesse d'une Omra d'hiver que tu vas la faire rêver alors qu'elle doit, elle, rêver d'une virée avec les copines à Euro-Disney. A l'époque du Multivision gratuit, ce n'est pas fun d'infliger à la gamine, en continu, les programmes d'Al Manar et d'Iqraâ, même si ces chaînes de télé font un petit effort de programmation le samedi soir pour égayer les soirées des croyants. Elles diffusent une série sur la douleur et la solitude du croyant fraîchement inhumé. C'est utile car cela permet au musulman après le départ de la famille du cimetière de bien se comporter à l'intérieur de la tombe. Il saura bien se tenir. Et c'est intéressant -surtout pour un samedi soir où les tentations impies sont fortes- parce que cela donne une compensation psychologique indéniable quand toutes les copines sont invitées à une Boum chez la fille délurée du chevillard du coin qui, lui, pour laisser la villa aux jeunes, a envoyé sa femme à Londres pour les soldes et s'est barré avec sa maîtresse, justement, à Marrakech. Sois large d'esprit mon cher Mustapha. Arrête tes conneries. Les islamistes turcs ont pris le pouvoir tout en continuant à se taper la vie. Toi, tu veux y aller avec un ennui mortel, une tristesse à faire fuguer, une gravité inutile et un rigorisme démodé. Sois branché. Marre-toi. Donne des fêtes à la maison. Invite, par exemple, Jamal Berraoui, c'est de l'ambiance garantie. Mais ne reste pas comme ça. Fais quelque chose et Hajar sera heureuse. A quinze printemps -un bel âge avec la vie devant soi- elle le mérite, ici et maintenant.