Simple fugue, un rapt organisé ou imaginé ou un simple fait divers. Tels sont, pour résumer, les trois scénarii que développe la presse autour de la «disparition» de Hajar, la fille de Mustapha Ramid. Qu'est-il vraiment arrivé à Hajar Ramid, fille du célèbre député PJD, ce mercredi 23 février ? Si la vérité semble être, toujours, ailleurs, la presse nationale comme celle internationale, et chaque organe en fonction de ses orientations, n'en ont pas moins cherché à défendre, bec et ongles, les multiples scénarii possibles. Connu pour ses affinités à l'égard du PJD, dont Ramid est membre du secrétariat général, le quotidien «Attajdid» s'est contenté, dans sa livraison du week-end, de dire que Hajar a été enlevé devant le lycée où elle poursuit ses études par un groupe d'individus (deux hommes et une femme). Emmenée et conduite sous la menace, elle n'aurait été victime d'aucune agression, relate le journal, citant son entourage. Largement développée par un autre quotidien, privé, «Assabah» en l'occurrence, cette version n'en est pas moins traversée par un certain doute. Pour le journal arabophone, la disparition de Hajar Ramid pourrait tout aussi être volontaire, histoire de sommer le père de mettre de l'eau dans son…discours et mettre ainsi fin aux tracas dont sa famille est la principale victime. Le quotidien s'avance davantage sur cette piste, parlant d'un chantage dont les kidnappeurs ne seraient que les humbles exécutants. Mais le scénario le plus ingénieux reste sans aucun doute celui du journal espagnol «El Mundo». Dans sa livraison du samedi, et par la plume du fameux Ali Lmrabet, le journal soutient la thèse de la disparition forcée, orchestrée par les services de renseignements marocains. L'objectif ne serait autre que de faire taire Mustapha Ramid, «qui appuie ouvertement la réforme de la Constitution». «Les années de plomb sont-elles de retour, l'époque où la séquestration des citoyens était une pratique commune qui se faisait dans l'impunité absolue? », se plaît à se demander Lmrabet. La méthode utilisée par les kidnappeurs «rappelle avec force le modus operandi de la DST, la police politique marocaine, quand elle arrêtait sans autorisation judiciaire les suspects qu'elle voulait interroger ». Citant Ramid, «El Mundo» affirme que les kidnappeurs n'étaient pas des délinquants communs. Et il se lance, une fois de plus, dans une véritable théorie du complot où les autorités marocaines jouent le rôle du méchant. Une thèse balayée du revers de la main de celui-là même dont Lmrabet dit avoir tiré les informations, à savoir Ramid en personne. Ce dernier vient de rendre public un communiqué qui se veut un moyen de couper court à toutes les rumeurs. «Je suis arrivé à la certitude qu'il ne s'agissait pas d'un rapt et que ma fille a voyagé seule à Marrakech à cause d'une dépression», a affirmé Ramid. Un sacré camouflet qui n'en cacherait pas moins une vérité que seule la famille Ramid connaîtrait et une autre vérité, celle de la fin heureuse d'une mésaventure qui aurait pu mal tourner aussi bien pour une fille en fleur de l'âge que pour un père de famille que d'aucuns qualifient d'aimant.