Mustapha Ramid, avocat, député et membre du CCDH, incarne l'aile dure au sein de son parti, le PJD. Sa popularité grandissante empêche son éloignement pur et simple des arcanes de la formation islamiste. Mustapha Ramid, député du quartier populaire d'El Fida-Derb Sultane à Casablanca, est le responsable le plus virulent du PJD. Sa popularité ne fait aucun doute auprès des cadres et de tous les militants du parti. "Son charisme fait trembler plus d'un", confie un jeune député du parti de Saâd Eddine El Othmani. Il incarne l'intransigeance et la voie la plus dure. Tout le monde se rappelle les sorties tonitruantes de Ramid dans l'enceinte du Parlement, à l'encontre de l'ancien ministre de l'Intérieur, Ahmed Midaoui ou envers Driss Lachkar, président du groupe de l'USFP. Au fil des années, Ramid est devenu une figure emblématique du PJD. Avocat, titulaire d'une licence en droit et d'un diplôme d'études supérieures de Dar Hadith Hassania, Ramid a plaidé dans plusieurs procès qui ont été largement médiatisés, notamment ceux relatifs aux détenus dans le cadre de la loi antiterroriste. Membre influent du bureau exécutif du PJD, M. Ramid siège également au Conseil consultatif des droits de l'Homme (CCDH). Toutefois, depuis quelques mois, essentiellement à la suite des attentats du 16 mai, le PJD a décidé de le "mettre à l'écart" à cause de ses positions intransigeantes dans bon nombre de dossiers, mais peut-être aussi pour arrêter de faire l'objet des critiques les plus acerbes. Eloigner les refuzniks, c'est redorer le blason du PJD. En tout cas, en pleine session parlementaire, fin 2003, Ramid décide de démissionner du poste de président du groupe PJD à la Chambre des représentants, une mission qu'il a lui-même toujours assurée. Et c'est Abdellah Baha, un modéré, qui lui succéda. La décision de Ramid, qui a été qualifiée de "cavalière" par certains, a en fait évité l'éclatement d'une grave crise au sein du PJD. Une lutte intestine que la formation islamiste tenait volontiers à éviter. Lors des élections du président du groupe en octobre 2004, Ramid a été cette-fois carrément écarté par le secrétariat général du parti. Les membres du groupe s'étaient réunis pour proposer trois noms au secrétariat général, lequel, conformément au règlement intérieur, a le dernier mot. Les députés pjdistes ont ainsi proposé le nom de trois personnes: Mustapha Ramid, député de Casablanca, Abdellah Baha, député de Rabat et Mohamed Najib Boulif, député de Tanger. Dans le système mis en place par le PJD, aucun député ne se porte candidat, ce sont ses pairs qui le choisissent. Toutefois, bien que Ramid ait occupé la première place, le secrétariat général du PJD lui a préféré, pour des raisons évidentes, Abdellah Baha.Mais Ramid est-il politiquement fini pour autant? Un pas que les responsables actuels du PJD ne veulent pas franchir. Et pour cause, ils savent pertinemment bien que le discours d'un Ramid est toujours d'actualité. Les partisans de la voie dure sont encore nombreux. Cette réalité à laquelle les amis de Saâd Eddine El Othmani n'y peuvent rien. Toutefois, ces derniers réussissent, paradoxalement bien, à faire comprendre à leurs bases que les "concessions" effectuées par le PJD relèvent de la survie. En clair, du domaine tactique et non stratégique. Dans le cas du PJD, la frontière entre les deux étant souvent infime, le parti préfèrerait, en définitive, se défaire de Mustapha Ramid, l'homme, tout en gardant son esprit. Tout le monde y trouvera son compte, sauf Ramid peut-être.