La minorité qui détient le monopole du commerce dans les camps de Tindouf, procède souvent, aidés en cela par les militaires algériens postés à l'entrée des camps, à l'arrestation des négociants qui ne se plient pas à leurs règles. Des détentions opérées sans grand remous, sauf pour cette dernière qui a tourné au vinaigre. Les détails. Les camps de Tindouf ont connu des troubles, dimanche dernier. Des manifestants, dont une majorité de la puissante tribu des Bouihates, dont est issue l'opposant Mustapha Salma, ont organisé un sit-in ouvert devant le siège du secrétariat général du Polisario, contraignant Mohamed Abdelaziz à quitter son bureau pour se réfugier dans un autre camp. A l'origine de cette colère, l'arrestation de deux commerçants sahraouis par des éléments de la douane algérienne et la confiscation de leurs marchandises, sous prétexte qu'elle est illégale. Les deux hommes sont actuellement derrière les barreaux en attendant d'être jugés par un tribunal algérien pour "contrebande". Face à l'ampleur de la contestation, la direction du Front tente de convaincre le parrain algérien de libérer les sahraouis, il y va de la stabilité dans les camps. Une arrestation pour nourrir le monopole du commerce Ce genre d'incident est très fréquent. Des commerçants sahraouis sont souvent victimes de détentions, de confiscation de leurs produits ou d'extorsions par les agents de la douane algérienne. Une tactique pour servir les intérêts de personnes hautement placées dans l'appareil du Front Polisario. Une source au Sahara nous confie que le principal bénéficiaire du juteux commerce des produits alimentaires dans les camps n'est autre que le père de Khadija Hamdi, «ministre» de la Culture et épouse de Mohamed Abdelaziz. Le père, un Algérien, est l'ancien maire de Tindouf. Une fois à la retraite, il s'est converti au commerce. Sa principale activité est la vente, en détail, des produits alimentaires issus des aides internationales. Il détient plusieurs magasins dans les camps. Son négoce est tellement florissant qu'il exporte les aides détournées à Bechar, en Algérie, Zouirate, en Mauritanie, et même au Mali. Dans les camps, il y a une carte du commerçant valable pour une année Outre les arrestations, la direction du Polisario soucieuse de garder le monopole du commerce sous son emprise a élaboré des lois restreignant l'accès à cette activité. A titre d'exemple, la carte de commerçant est valable pour une année seulement, après le paiement à la «douane» du Front de 600 dinars algériens. Des entraves auxquelles s'ajoutent les montants exorbitants demandés et par les «douaniers» du Polisario et ceux de l'Algérie, atteignant parfois les 100 mille dinars, pour laisser entrer un camion-citerne d'eau ou de produits alimentaires. Parallèlement à la détention de deux négociants sahraouis, les militaires algériens ont bloqué, selon le site almasir.net l'entrée des voitures et des camions aux camps de Tindouf. Aucune explication n'a été avancée pour justifier ce tour de vis.