Le printemps arabe a élu domicile dans les camps de Tindouf. Face aux multiples demandes de la jeunesse d'instaurer la démocratie, la direction du Polisario répond par l'usage de la matraque et des tirs de balles réelles et des hélicoptères algériens pour disperser les manifestants. Les camps de Tindouf seraient-ils en ébullition ? Des informations font état d'affrontements entre les milices du Polisario et la contestation, réunie sous le Mouvement de jeunesse révolutionnaire sahraouie. Une instance qui réclame, depuis des mois, des réformes démocratiques et la fin du règne de Mohamed Abdelaziz et de son clan. Le chef du Front détient le record de longévité au pouvoir en Afrique: 36 ans. Des sources au Sahara parlent de «climat tendu» et de manifestations presque quotidiennes des membres du MJRS devant le siège de la direction du Front à Rabbouni. «La semaine dernière, une d'elle a dégénéré. Les milices du Polisario ont fait usage de balles réelles pour disperser les contestataires. L'aviation algérienne stationnée dans la base militaire de Tindouf a prêté main forte au Front en envoyant des hélicoptères», nous confient les mêmes sources qui se basent sur des témoignages d'habitants des camps. Cette intervention armée n'a pas fait de morts mais une dizaine de blessés, transportés dans l'hôpital de Rabbouni. Une bâtisse construite par les Cubains. Les sources que nous avons contactées font état, également, de l'arrestation de plusieurs manifestants. La contestation contre les détournements A l'origine de ce regain de tension, le sempiternel problème de la distribution des aides internationales. Une opération qui connaît des détournements de la part des amis d'Abdelaziz, laissant à la population, en ce mois sacré de ramadan, que des miettes. C'est pour dénoncer cette injustice que la contestation a commencé, et ce, comme nous le confirment les mêmes sources, depuis la fin de juillet. Début août, la tension est monté d'un cran entre les deux parties. La situation est très critique. La population des camps est prise entre le marteau du dictat de la direction du Polisario et l'enclume de la pénurie alimentaire. Des Espagnols à Tindouf jusqu'à samedi Une situation qui profite pleinement à la direction du Front pour réclamer davantage d'aides internationales. Dans des déclarations à l'agence EFE, le représentant du Polisario en Espagne, Bouchraya Beyoun, a sollicité mardi l'envoi de coopérants et d'aides. En effet une trentaine d'Espagnols ont atterri, mercredi, à la base militaire algérienne de Tindouf. Un groupe composé notamment de membres de la Coordination des associations amies du peuple. C'est juste une opération médiatique destinée à la consommation interne, et rien d'autre, puisqu'elle va prendre terme le 11 août. C'est dire que même les plus fervents partisans du Polisario doutent de sa capacité à assurer leur sécurité. Des défections au Polisario A la contestation qui secoue les camps de Tindouf, il y a lieu de noter des défections de certains cadres du Polisario. Des sources soulignent que le représentant du mouvement en Suède, Ali El Kantaoui, a quitté le navire de Mohamed Abdelaziz. Les mêmes sources avancent qu'il serait en pourparlers avec les autorités marocaines pour un possible ralliement au royaume. La Suède est l'un des pays où le Polisario compte un solide réseau de soutien. A la défection de El Kantoui s'ajoute la démission, en juillet, de l'ancien «ministre» de la Coopération, Ahmed Ould Berkalla. Un homme en net conflit avec Khadija Hamdi. Une dame très influente au sein de la direction du Polisario non pas à cause de son titre de "ministre" de la Culture mais parce qu'elle est, tout simplement, l'épouse de Mohamed Abdelaziz. C'est une Algérienne, fille de l'ancien maire de Tindouf qui, une fois à la retraite, s'est convertie au commerce. «Sa principale activité est la vente, en détail, à la population des produits alimentaire, issus des aides internationales. Il détient plusieurs magasins dans les camps. Son négoce est tellement florissante qu'il exporte les aides détournées à Bechar, en Algérie, Zouirate, en Mauritanie, et même au Mali», concluent les mêmes sources.