Mohamed Talib estime que les manifestions à Tindouf le 5 mars seront réprimées dans le sang par les milices du Polisario. ALM : Quel commentaire faites-vous de l'appel au soulèvement dans les camps de Tindouf le samedi 5 mars ? Mohamed Talib : Je pense qu'il ne s'agit pas d'une première. Les soulèvements populaires ont toujours eu lieu entre la direction du front Polisario dans les camps de la honte. Les populations séquestrées dans les camps vivent dans des conditions précaires. Il s'agit de la plus grande opération de prise d'otages dans l'histoire. Les populations sont sujettes à la répression et aux violations systématiques des droits de l'Homme. Cet appel au soulèvement le 5 mars s'inscrit dans le cadre de la dynamique sans précédent que connaît le monde arabe. En quoi le front Polisario ressemble aux modèles tunisien, égyptien et libyen ? Tout d'abord, il faut dire que la direction du Polisario est la même depuis des décennies. Le chef du Polisario est toujours le seul candidat à sa propre succession. D'ailleurs, Mohamed Abdelaziz pense déjà à léguer le pouvoir à l'un de ses enfants ou à sa femme. En plus, la direction du Polisario est une direction corrompue qui détient toutes les richesses entre ses mains, alors que les populations dans les camps vivent dans la souffrance, l'injustice et l'impunité totale. Il n'est un secret pour personne que cette direction possède des avoirs énormes en France, en Espagne et aux Etats-Unis. Le détournement des aides humanitaires a permis à Abdelaziz et ses proches d'ouvrir des comptes bancaires partout à travers le monde. Ceci dit, Mohamed Abdelaziz n'est qu'un Kadhafi bis. A préciser que le régime Kadhafi fournissait régulièrement des aides militaires au front. La chute imminente de ce régime autoritaire aura certainement un impact direct sur le Polisario. Le soulèvement du 5 mars ne risquerait-il pas d'être réprimé dans le sang? Nous avons des informations sûres qui indiquent que les organisateurs de ce soulèvement font l'objet de menaces et d'une campagne d'intimidation de la part de la direction du front. Il est fort probable que les manifestants seront accueillis de la manière la plus abjecte par les milices du Polisario, pour avoir osé exprimer leurs points de vue. Les antécédents du front en la matière sont bien connus. D'ailleurs, le Polisario applique à la lettre les directives algériennes, et on a bien vu comment les manifestations ont été réprimées dans le sang en Alger.