Des membres de la tribu de Rguibat-Laayaicha ont entamé un sit-in ouvert devant la résidence de Mohamed Abdelaziz à Rabbouni. Les manifestants protestent contre les abus perpétrés par la direction du Polisario contre les séquestrés des camps de Tindouf. Les séquestrés des camps de Tindouf se révoltent pour réclamer leurs droits bafoués par les dirigeants du Polisario. Une manifestation de protestation a eu lieu, au cours de la semaine dernière, devant la résidence de Mohamed Abdelaziz, président de la chimérique RASD, à Rabbouni, «secrétariat général du Polisario». La fronde contre Abdelaziz est menée par des membres de la tribu de Rguibat-Laayaicha. Les manifestants ont entamé un sit-in ouvert pour réclamer d'être installés dans un pays tiers. C'est ce qu'a affirmé Abdi Ouled Salama Ouled Annafei, un des chioukh de cette tribu dans une déclaration à la Télévision régionale de Lâayoune, diffusée vendredi 5 février, citée par la MAP. Selon M. Ouled Salama, les manifestants réclament, également, une partie des aides humanitaires qui leur sont destinées et exigent la poursuite judiciaire des tortionnaires qui étaient à l'origine des événements de Laayaicha en 2006. Les membres de la tribu de Laayaicha sont interdits par la junte militaire du Polisario de quitter les camps en raison du «soulèvement de Laayaicha» qui a eu lieu en 2006. Au cours de ce soulèvement, rappelle M. Ouled Salama, chioukh, femmes et enfants de la tribu ont fait l'objet des pires formes de tortures et d'insultes. «Certaines tribus sont intervenues pour trouver une issue à ce problème, mais les dirigeants du Polisario ont fait la sourde oreille et ont même persévéré dans leurs actes d'insultes, de marginalisation et de violation des droits des membres de la tribu de Rguibat-Laayaicha», a indiqué Ouled Salama dans sa déclaration. Il a appelé, dans ce cadre, les ONG de défense des droits de l'Homme à effectuer des visites dans les camps de Tindouf pour s'enquérir de la situation difficile des populations séquestrées et les violations, la marginalisation et l'exclusion dont ils font l'objet. Contacté par ALM, Noureddine Bilali, ex-membre du Polisario, affirme que la majorité des populations séquestrées de Tindouf souhaitent quitter les camps de la honte. «Le sit-in organisé par les membres de la tribu de Rguibat-Laayaicha n'est pas une première. Il y a eu plusieurs sit-in de protestation de ce genre. Les populations séquestrées à Tindouf souffrent de plusieurs problèmes. Elles ne peuvent rien faire. Elles souhaitent par contre trouver des solutions. Je vous garantis que la majorité des populations de Tindouf souhaitent quitter les camps de la honte. C'est juste qu'ils ne peuvent pas l'afficher publiquement vu l'embargo imposé par l'Algérie et le Polisario», indique M. Bilali. Pour sa part, Bachir Dkhil, ex-représentant du Polisario à Barcelone, affirme, dans une déclaration à ALM, que la démarche des membres de la tribu Laayaicha n'est que la goutte qui a fait déborder le vase. «Aujourd'hui, le chaos total règne dans les camps de la honte. La population vit dans des conditions précaires. Tout le monde est au courant du fait que les camps de séquestration de Tindouf sont les seuls camps armés dans le monde. Ces camps sont dirigés par une junte militaire qui ne garantit à la population ni la liberté d'expression, ni la liberté du rassemblement, ni la liberté de circulation. Le front des séparatistes tient les camps du Polisario d'une main de fer. Celui qui exprime un avis contraire à celui de la direction est qualifié, ainsi, de traître à la prétendue cause nationale. Depuis plus de 35 ans, Mohamed Abdelaziz chapeaute la junte militaire du Polisario avec le seul objectif de maintenir l'affaire du Sahara sans solution. Car ce dossier leur sert de fonds de commerce. Le vase est déjà plein. La démarche des membres de la tribu Laayaicha n'est que la goutte qui l'a fait déborder», précise M. Dkhil. La Télévision régionale de Laâyoune a rapporté, dans son journal, que les manifestants de la tribu Laayaicha comptent entrer dans une grève de la faim en cas de non satisfaction de leurs doléances. Ceci dans le but d'amener, selon la même source, les ONG internationales des droits de l'Homme, l'ONU, la Minurso et le HCR, à intervenir pour trouver une solution définitive à leur situation. La chaîne a précisé que le mouvement «Khat Achahid» continue de dénoncer cette situation et impute la responsabilité à la direction du Polisario, condamnant «les abus perpétrés par cette direction et la poursuite de la politique de marginalisation et d'insultes» des populations des camps.