Les dirigeants des camps de Tindouf ne s'en remettront pas de sitôt. Le dissident sahraoui et ancien cadre du Polisario, Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud, vient de réussir, en ce début de semaine, un coup de maître qui restera dans les annales des ONG droits-de-l'hommistes et certainement dans les archives des services algériens. Relayée par le Forum de soutien aux autonomistes de Tindouf (Forsatin), l'action de Mustapha Salma, ancien chef de la police du Polisario, a porté cette fois-ci sur l'acheminement d'aides alimentaires à des familles de Tindouf. Menée à l'insu des milices du Polisario, l'opération a consisté à l'installation d'un point de distribution de denrées non loin des camps. Prises par surprise, les milices dirigeantes ont essayé dans une première tentative d'interdire le déplacement des familles vers le point de distribution. Puis, prenant conscience que leurs efforts restaient vains, elles n'ont pas trouvé mieux que de réunir des groupes de population pour les avertir que les denrées «ont été mélangées à des drogues», rapportent les membres du Forsatin. Coup de théâtre, les familles n'allaient pas l'entendre de cette oreille. Elles décident alors de se diriger vers le point installé par Mustapha Salma pour prier ce dernier de répéter cette action dans les prochaines jours. Cette réaction des familles séquestrées à Tindouf reflète une image claire des conditions de vie et du climat de tension qui persistent dans les camps de Tindouf. Pas plus que la veille de l'Aid Al Adha dernier, les milices et les forces de sécurité algériennes avaient mené une campagne de contrôle des points d'accès aux camps, interdisant l'entrée de camions chargés de vivres et de produits. Quelques semaines auparavant, les membres du Forsatin avaient rapporté que quelque 300.000 dollars d'aides alimentaires, alloués par les ONG internationales aux Sahraouis des camps, avaient été détournés par les responsables du Polisario, alors qu'une partie seulement était parvenue à ses destinataires. «Cette politique vise à maintenir les Sahraouis sous le contrôle du Polisario en les forçant à mendier l'aide humanitaire monopolisée par le Front dans l'opacité la plus totale», expliquent les membres du Forsatin. En fait, la plupart des denrées détournées se retrouvent sur les marchés algérien et mauritanien où elles sont écoulées à des prix bradés. Les bénéfices récupérés vont alors directement dans les poches des dirigeants du Polisario. Cette rapine organisée échappe au contrôle du Haut-Commissariat aux réfugiés. Ce dernier, et jusqu'à aujourd'hui, n'a ni l'accès direct et indépendant aux populations sahraouies et encore moins les moyens de vérifier ce qui se passe sur le terrain.