Merrebih Rebbou, ex-responsable du Polisario, affirme que les séparatistes et leurs soutiens algériens ne veulent pas que la vérité soit faite autour des camps de Tindouf. Cela n'arrangera ni les affaires de Abdelaziz et ses amis ni celles de beaucoup de responsables algériens. Entretien. ALM : A votre avis, l'Algérie s'est toujours opposée à un enregistrement des populations des camps de Tindouf ? Merrebih Rebbou : L'Algérie n'autorise pas le HCR à aller dans les camps et effectuer un recensement exact des populations parce que cela sera synonyme de diminution de l'aide internationale et remettra en cause les intérêts de beaucoup de monde. Il faut savoir qu'une partie de ces aides prend la direction des poches de plusieurs responsables algériens dans la capitale, mais aussi à Oran et notamment dans la hiérarchie de la Croix-Rouge algérienne. C'est, entre autres, ce que révèlent plusieurs scandales. Je donnerais pour exemple le célèbre scandale dit « scandale des macaronis » dévoilé par la presse algérienne à la fin des années 90. Les aides destinées aux camps sont vendues sur le marché noir sur place en Algérie, mais aussi en Afrique occidentale et notamment au nord de la Mauritanie. Evidemment, cela bénéficie énormément aux responsables du Polisario et sans aucune exception. La plupart ont construit d'imposantes demeure à Zouiratt, Nouadhibou et Nouakchott. Chez eux, la mode actuellement est à l'achat de camions pour opérer entre Tindouf et la Mauritanie, y compris dans le «secteur» de l'immigration clandestine. Quel serait, d'après vous, le nombre exact des populations des camps ? A en croire Omar Hadrami, le Polisario a effectué un recensement général en 1987 impliquant toutes les populations des camps en plus des combattants et les enfants âgés de quelques jours seulement. Les résultats de ce recensement sont édifiants, puisque le nombre avancé était de 49.000 âmes. Toutefois, c'est très difficile à vérifier et il leur est arrivé, avec les algériens, d'avancer des chiffres variant entre 700.000 et 1 million de personnes. D'ailleurs, des mémorandums algériens adressés à l'ONU contiennent les mêmes contradictions. L'Algérie est le seul pays maître à bord. Le Maroc veut aujourd'hui que la vérité soit faite sur les chiffres et les origines des populations de ces camps. Qu'en pensez-vous ? Ce dossier n'a pris que beaucoup de retard et je pense que les pressions internationales arrivent à point nommé. Dernièrement, on parle de 165.000 personnes, mais je pense qu'il faudra diviser par trois ou quatre pour avoir le chiffre exact. Ils gonflent les chiffres pour avoir les aides et en faire ce qu'ils veulent. C'est leur fonds de commerce que ce soit pour Bachir Mostafa Sayed, El Bouhali et l'ambassadeur au Venezuela. Que pensez-vous des éventuelles négociations entre le Maroc et le Polisario ? C'est, moralement et légalement, impossible. Pourquoi négocier avec le Polisario alors que les sahraouis sont tous dans les régions marocaines du Sud. Ils sont représentés au Parlement, dans les partis politiques, dans les associations... En plus, c'est l'affaire de tout le peuple marocain. Il ne faut pas oublier que ce sont ces mêmes marocains du Sahara qui ont résisté à l'Espagne et lui ont fait voir de toutes les couleurs jusqu'en 1934. L'affaire est devenue otage des surenchères. En plus de l'Algérie, c'est un véritable cheval de bataille pour l'opposition espagnole du gouvernement Zapatero.