En dépit du climat de bonne entente qui prévaut, actuellement, entre le Maroc et l'Espagne, les deux pays n'arrivent pas encore à adopter la même position sur le Sahara occidental et l'accord de pêche. La déclaration «commune», publiée aujourd'hui par la presse du voisin du nord, traduit parfaitement ce constat. Sur la question du Sahara occidental, même si Madrid se rapproche davantage de la position de Rabat, elle tient à en garder une certaine distance. Au terme de la visite du roi Juan Carlos, du 15 au 17 juillet, placée sous le sceau de l'économie, les deux parties ont convenu d'une déclaration commune sur le sujet, bien que sur certains points sensibles, c'est du chacun pour soi. Le Maroc a, bien entendu, opté pour le silence laissant à l'Espagne exprimer sa position. En voici un exemple : «L'Espagne a réitéré son soutien aux efforts déployés sous les auspice des Nations Unis pour une solution politique juste, durable et mutuellement acceptée à la question du Sahara occidental, conformément aux paramètres définis au conseil de sécurité», lit-on dans un article sur El Pais. Force est de constater que les Espagnols ont bien ménagé leur hôte marocain en ne mentionnant pas «le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination». En revanche, ils ont trouvé en «paramètres définis» par le CS, la meilleure parade. Hier déjà, dans des déclarations à la presse de son pays, le ministre des Affaires étrangères, José Margallo, a tenu à rassurer les milieux pro-Polisario que le texte de la déclaration est conforme à la position de son gouvernement sur le conflit, celle que nous avons «maintenu tant en Algérie qu'au Maroc», a-t-il précisé. Pour mémoire, Madrid s'est opposée, en avril au Conseil de sécurité, au projet de résolution américain prévoyant un élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'Homme au Sahara. Sur la pêche, le Maroc est également silencieux Au même titre que sur le Sahara, les négociations sur un possible accord de pêche entre le Maroc et l'Union européenne, dont le sixième round se tient aujourd'hui à Rabat, n'ont guère connu une convergence de vues entre les deux parties. Les Marocains ont opéré, là aussi, un retrait tactique, laissant aux Espagnols le soin d'exprimer leurs appuis à «un raffermissement des relations» de l'UE avec le royaume, et ce, pour une «meilleure mobilité, une consolidation de l'intégration commerciale et une progression vers un nouvel accord de pêche, le plus tôt possible», rapporte El Pais. Le retour des chalutiers européens, en majorité espagnols, sur les eaux atlantiques du Maroc bute, en effet, sur la clause exigée par la Commission européenne appelant au respect des droits de l'Homme au Sahara. Et non sur la compensation financière.