Le groupe parlementaire du Mouvement Populaire a exprimé de vives préoccupations concernant le déclin du cinéma marocain, un secteur qu'il estime en pleine perte de vitesse ces dernières années. Selon ses membres, une grande majorité des productions cinématographiques actuelles ne parviennent plus à captiver l'attention des spectateurs, un phénomène accentué par l'omniprésence des films commerciaux et la montée en puissance du numérique. Ce constat est renforcé par l'émergence d'une tendance nouvelle : le remplacement des artistes par des influenceurs dans les productions cinématographiques et télévisuelles, au détriment des véritables professionnels du métier. Le groupe critique également le recours croissant aux techniciens étrangers pour des rôles techniques, un choix qui nuit à l'épanouissement des talents locaux. Lors de sa prise de parole sur le projet de loi n°18.23, qui concerne la réorganisation du Centre cinématographique marocain (CCM), le groupe a directement lié le déclin du cinéma à la fermeture progressive des salles de cinéma, constatant une chute alarmante du nombre de spectateurs et de billets vendus. Pour y remédier, il propose une redynamisation du secteur, notamment à travers des incitations fiscales pour encourager les investissements dans les salles de cinéma, des lieux essentiels à la vie culturelle de nos villes. Autrefois véritables points de repère, ces espaces étaient des lieux de rencontre pour les passionnés, où le nom de chaque salle était gravé dans la mémoire collective des citadins. Le groupe a également mis en lumière les causes profondes de cette crise, notamment le piratage, qui représente un fléau mondial et affecte particulièrement le cinéma marocain. « Il est bien connu que le cinéma souffre depuis longtemps de piratage. Des mesures ont été prises et des efforts ont été déployés pour la combattre à plusieurs reprises, mais la gravité de la situation s'aggrave avec l'évolution technologique. C'est pourquoi nous demandons la mise en place de mesures strictes pour la combattre et aussi la réouverture des salles de cinéma vieillissantes », a-t-il souligné. L'un des aspects les plus frappants de cette crise est le manque de professionnels spécialisés dans les métiers du cinéma, en particulier dans les domaines techniques comme la photographie, l'éclairage, le son et le montage. Le groupe déplore que « la plupart des réalisateurs, pour réaliser leurs films au Maroc, fassent appel à des techniciens étrangers qui obtiennent souvent la part du lion des récompenses remportées par certains films marocains dans des festivals nationaux ou internationaux ». Cette situation, selon eux, freine le développement d'une industrie cinématographique nationale et limite les opportunités d'emploi pour les Marocains. Il est grand temps, selon le groupe parlementaire, de repenser la gestion du secteur cinématographique pour en faire un véritable levier de développement, d'épanouissement et de modernisation. Le cinéma doit redevenir un secteur structuré, fondé sur des bases claires et stimulantes, plaide-t-il. Le groupe insiste également sur l'importance de promouvoir la formation cinématographique dans les écoles spécialisées et les centres culturels, tout en mettant un terme à l'hégémonie des influenceurs, au profit des artistes formés aux métiers du cinéma. Par ailleurs, il a rappelé que ce projet s'inscrit dans la continuité des orientations du Roi Mohammed VI, en particulier celles exprimées lors de la Conférence nationale sur le cinéma, en 2012. « Ce projet est une traduction des dispositions de la Constitution de 2011, notamment celles relatives au domaine culturel, artistique et cinématographique. Ces dispositions garantissent la liberté de pensée, d'opinion, d'expression et de création dans les domaines de la littérature, des arts, de la recherche scientifique et technique, et appellent à un soutien des autorités publiques aux arts et à la culture, tout en veillant à leur développement et organisation sur des bases démocratiques et professionnelles », a affirmé le groupe. Enfin, le groupe a souligné que ce projet représente un véritable point de départ pour l'essor de la créativité cinématographique, en établissant des principes de gouvernance, d'égalité des chances et de compétitivité. « Il est indéniable que la qualification du secteur cinématographique passe nécessairement par le Centre cinématographique marocain, à qui ce projet attribue de nouvelles compétences, notamment dans le domaine de la production audiovisuelle. Ce projet vise à structurer le secteur, rationaliser sa gestion et le propulser vers plus de professionnalisme », a conclu l'intervention. « Nous estimons que toutes les contraintes mentionnées ne peuvent pas nuire à l'attractivité du cinéma auprès du public, tant que les films proposés sont de qualité et abordent des sujets historiques ou d'actualité. Ainsi, nous soutenons cet art et demandons qu'il soit soutenu, aux côtés des autres formes d'art pertinentes », conclut le groupe.