Un étude fraichement publiée en Belgique révèle que les immigrés préfèrent de moins en moins épouser un conjoint venu de leur pays d'origine. Et les communautés marocaine et turque sont les plus touchées par ce phénomène, lequel pourrait s'accentuer dans les années à venir. Détails. En Belgique, «la popularité globale des unions avec migrations du conjoint diminue» au fil du temps, révèle une étude sur les choix conjugaux des personnes avec un passé migratoire réalisée par l'Université de Gant (UGent), rapporte La Libre Belgique. En effet, ces unions qui représentaient plus de 50 % en 2001, ont chuté à 43% en 2008. 38% seulement des MRE choisissent leur conjoint au Maroc Il y a «un changement radical d'orientation» chez les migrants de deuxième génération dans le choix de leur conjoint, indique l'un des auteurs, Frank Caestecker, professeur en Sciences administratives et gestion publique de l'Université de Gand. D'après l'étude en effet, les enfants d'immigrés s'orientent de plus en plus vers les unions locales et homogames (entre personnes de la même communauté installées en Belgique), dont le taux a augmenté de 25 % en 2001 à 31 % en 2008. Ainsi, le nombre de mariages dont au moins un des conjoints est issu de l'immigration a augmenté de 41% entre 2001 et 2008, passant de 9 914 à 14 019. Le constat est plus flagrant concernant les cohabitations légales. Au nombre de 223 en 2001, elle sont passées à 2 075 en 2008. Selon le professeur, ce changement est encore plus prononcé dans les communautés marocaine et turque. Du 1er janvier 2001 au 31 décembre 2008, 107 560 unions ont été scellées dans les mairies belges. Et 51 % d'entre elles concernaient des personnes marocaines et turques. Alors qu'auparavant, les migrants marocains de deuxième génération optaient généralement pour un conjoint immigré, seulement 38% optent aujourd'hui pour l'orientation traditionnelle, quand ce pourcentage est de 39% chez les Turcs. Ce qui fait que 62% des MRE préfèrent épouser une personne née ou ayant grandi dans le pays d'accueil. Une tendance qui s'affirmera dans les prochaines années Les auteurs de l'étude ont précisé que la recherche a été menée à une période pendant laquelle «les migrants pouvaient réaliser leurs choix conjugaux sans être trop affectés par les décisions politiques». De ce fait, l'on s'interroge sur les tendances des prochaines années, vu le durcissement des conditions de regroupement familial en Belgique depuis 2011. Mais pour le professeur Caestecker, les choses semblent évidentes. «Si cette tendance se confirme, nous pourrons constater d'ici quelques années qu'une grande majorité de Belgo-Turcs et Belgo-Marocains choisiront des unions locales majoritairement homogènes du point de vue ethnique». L'échec en cause Cette situation s'expliquerait par «la faible stabilité des mariages entre migrants de deuxième génération et conjoints migrants», indique La Libre sans donner de détails. Quentin Schoonvaere, chercheur en démographie à l'UCL (Université catholique de Louvain), s'est récemment penché sur la question. Il montrait à la lumière des statistiques de divorce que les mariages entre immigré et conjoint migrant connaissent beaucoup d'échec. A cela, plusieurs explications sont avancées. Mais la principale reste celle des mentalités devenues différentes bien que les deux personnes partagent les mêmes origines. Face à cette réalité, les enfants d'immigrés «vont alors plus se tourner vers les conjoints qui ont eux-mêmes grandit ici en Belgique et qui sont de la même communauté», indique M. Schoonvaere.